Le gouvernement fédéral affichera un surplus budgétaire de 3,6 milliards de dollars dès le présent exercice financier, soit un an plus tôt que prévu, estime le directeur parlementaire du budget, Jean-Denis Fréchette, dans ses plus récentes projections financières.

Le ministre des Finances, Joe Oliver, pourra donc utiliser cette marge de manoeuvre pour réduire les impôts lorsqu'il présentera sa mise à jour économique et financière en novembre, comme l'a laissé entendre le premier ministre Stephen Harper récemment.

Il y a deux semaines, M. Harper avait causé une certaine surprise en dévoilant devant un groupe de gens d'affaires de Brampton que le déficit de l'exercice financier 2013-2014, qui a pris fin le 31 mars, s'est élevé à 5,2 milliards seulement, soit un déficit trois fois moins important que prévu dans le budget fédéral déposé en février.

Mais M. Harper avait aussi affirmé que cela ne voulait pas dire que l'équilibre budgétaire serait rétabli plus rapidement que prévu. Il avait indiqué qu'il prévoyait toujours un petit déficit en 2014-2015 et un premier surplus en 2015-2016.

Or, le directeur parlementaire du budget croit au contraire que le retour à l'équilibre budgétaire aura lieu dès cette année.

«Le DPB prévoit que le budget redeviendra excédentaire en 2014-2015 et qu'il le restera tout au long de la période visée. À partir de 2015-2016, l'excédent annuel sera d'environ 10 milliards de dollars, montant qui pourra être consacré au remboursement de la dette, aux baisses d'impôts ou à l'augmentation des dépenses», estime-t-il dans son rapport publié hier.

L'impact des États-Unis

Les recettes budgétaires du gouvernement sont révisées à la hausse en raison de la bonne tenue de l'économie américaine, entre autres choses, selon M. Fréchette.

«Une grande partie de la marge de manoeuvre budgétaire est attribuable à la rapidité de la croissance de l'économie, qui excède actuellement son potentiel, ainsi qu'à des mesures temporaires telles que le gel du taux de cotisation à l'assurance-emploi, la vente planifiée de certains biens et le rajustement de charges de programmes directes», écrit-il.

Le directeur parlementaire du budget profite de son rapport pour lancer un avertissement au gouvernement Harper. Il devrait faire preuve de prudence avant d'accorder de généreuses baisses d'impôts aux contribuables, s'il ne veut pas sombrer à nouveau dans l'ornière des déficits. Car la croissance supérieure aux prévisions de l'économie canadienne ne pourra être maintenue.

«Si les décideurs veulent éviter le retour des déficits lorsque les restrictions sur les budgets de fonctionnement seront assouplies et que la croissance économique supérieure à la tendance s'atténuera, ils devront prendre garde avant de consacrer cette marge de manoeuvre budgétaire à des baisses d'impôts permanentes ou à des initiatives de dépenses continues», prévient-il.

Le déficit zéro «coûte que coûte»

Il est hors de question de reporter l'atteinte du déficit zéro, a indiqué le premier ministre Philippe Couillard, hier. Interrogé sur l'opportunité pour le Québec de retrouver l'équilibre budgétaire en 2015-2016 «coûte que coûte», il a répondu: «Oui, il le faut.» «On n'a pas beaucoup les moyens d'attendre, a-t-il ajouté. Chaque fois qu'on fait un déficit, ça va à la dette, et notre dette est déjà à 54% du PIB. [...] Dans l'état actuel de nos finances publiques et de notre dette, il faut absolument rétablir l'équilibre.»

- Tommy Chouinard