L'ancien gouverneur de la Banque du Canada David Dodge met en doute l'idée que l'atteinte la plus rapide possible de l'équilibre budgétaire des gouvernements soit la clé d'une économie forte, ou qu'il s'agisse d'une politique bien avisée en ce moment.

Dans une étude produite à titre de conseiller principal au sein de la firme d'avocats Bennett Jones, M. Dodge analyse une économie canadienne à deux vitesses et offre certains conseils aux gouvernements pour améliorer la compétitivité et la croissance.

Sans identifier de gouvernement ou de politicien en particulier, l'ancien gouverneur de la Banque du Canada signifie clairement qu'il estime que le temps n'est pas venu de se lancer dans une réduction aveugle des dépenses pour atteindre l'équilibre budgétaire.

La priorité devrait plutôt être de tirer avantage des faibles taux d'intérêt pour investir dans les infrastructures afin d'aider à améliorer une productivité à la traîne au Canada, qui a l'effet d'un frein sur l'économie, selon lui.

Ainsi, on ne devrait pas viser l'élimination des déficits le plus rapidement possible, mais plutôt les réduire en deçà de la croissance nominale afin de diminuer de plus en plus leur importance vis-à-vis du produit intérieur brut, a-t-il fait valoir.

M. Dodge a dit croire que les gouvernements pourraient augmenter leurs investissements dans les infrastructures tout en restreignant la croissance de leurs dépenses de fonctionnement.

«Il est important de réaliser que dans l'environnement actuel de faibles taux d'intérêt à long terme, la prudence fiscale ne requiert pas d'amener l'équilibre budgétaire annuel à zéro presque immédiatement. De légères augmentations dans les besoins d'emprunt pour financer l'investissement dans les infrastructures mèneraient tout de même à des déclins du ratio de la dette au PIB», a-t-il écrit.

Les conseils de l'un des anciens gouverneurs de la Banque du Canada les plus respectés - il a dirigé la banque centrale de 2001 à 2008 durant l'une des périodes de plus grande croissance pour le pays - surviennent alors que les questions de politique fiscale sont à l'avant-plan des discussions.

Lundi, le ministre fédéral des Finances, Joe Oliver, a critiqué l'Ontario et le Québec pour ne pas avoir su contrôler leurs déficits, assimilant les politiques fiscales dans les deux provinces à une faible performance économique.

Le gouvernement Harper s'en est aussi pris au chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, pour son approche plus flexible à l'égard de l'élimination du déficit. M. Trudeau a laissé entendre que l'équilibre budgétaire pourrait être atteint grâce à la croissance économique, sans la nécessité de mesures d'austérité poussées.

Selon l'étude de M. Dodge, coécrite avec les conseillers de Bennett Jones Richard Dion et John Weekes, l'un des principaux problèmes des économies de l'Ontario et du Québec est la perte de compétitivité depuis 2003, alors que les prix plus élevés des matières premières, particulièrement pour le pétrole de l'Alberta, ont fait grimper la valeur du huard au détriment du secteur manufacturier du centre du pays.