L'inflation annuelle canadienne a grimpé en avril à son plus haut niveau en deux ans, atteignant 2,0 %, ce qui est essentiellement attribuable à un gain inhabituel des prix de l'énergie, plus particulièrement ceux de l'essence et du gaz naturel.

La forte augmentation de 0,5 point de pourcentage par rapport au mois précédent place l'inflation annuelle au niveau que la Banque du Canada juge optimal.

Étant donné que l'inflation était aussi faible que 0,7 % en octobre, cette hausse importante des derniers mois pourrait normalement annoncer le début d'un cycle haussier des taux d'intérêt pour la Banque du Canada. Le principal mandat de la banque centrale est de garder l'inflation le plus près possible de la cible de 2 %.

Mais le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, a déjà indiqué qu'il considérerait la croissance actuelle de l'inflation comme un phénomène temporaire attribuable aux produits de consommation liés à l'énergie.

La progression des prix à la consommation était conforme aux attentes des économistes.

«D'une certaine façon, c'est presque une situation idéale pour la banque», a estimé l'économiste en chef de BMO Marchés des capitaux, Doug Porter.

«Mais évidemment, c'est un cas classique: il faut faire attention à ce qu'on désire. La dernière chose dont ils ont envie, c'est de voir l'inflation leur échapper, mais au moins ils peuvent arrêter de s'inquiéter de voir l'inflation glisser en territoire de déflation.»

David Madani, de Capital Economics, croit que la banque centrale doit s'inquiéter de choses plus importantes que la perte de contrôle sur les pressions des prix.

«Puisque la Banque du Canada se concentre sur les difficultés économiques et les risques à la baisse de l'inflation sous-jacente, il n'est pas probable qu'elle modifie sa position neutre sur la direction des taux d'intérêt», a-t-il indiqué.

Selon M. Porter, l'inflation de base - qui exclut les prix des éléments les plus volatils comme ceux de l'essence et des fruits et légumes frais - pourra toujours être source de réconfort pour la banque centrale, puisqu'elle s'est montrée bien maîtrisée en s'établissant à 1,4 % en avril.

Sur une base mensuelle, les consommateurs ont déboursé en avril 0,3 % de plus qu'ils ne l'avaient fait en mars.

Le secteur de l'énergie a été le plus grand responsable de la hausse des inflations mensuelle et annuelle. L'essence coûtait en avril 6,6 % de plus qu'un an plus tôt, le gaz naturel, 26,6 % de plus et l'électricité, 4,6 % de plus.

En excluant le groupe de l'énergie, l'inflation est restée stable à 1,4 %, égalant du coup l'inflation de base.

«Cela nous dit que l'énergie a été un important facteur ici, a noté M. Porter, mais pas la nourriture, les vêtements et les automobiles.»

Les variations de prix ont été modestes pour la plupart des autres catégories de biens étudiées par Statistique Canada.

Les aliments, qui sont un élément clé de la composition du panier de biens et services utilisé par l'agence fédérale pour calculer l'inflation, ont vu leurs prix grimper de 1,9 % par rapport à l'an dernier.

La plupart des analystes et la banque centrale ne s'attendent pas à ce que l'inflation sous-jacente atteigne de nouveau le cap des deux % avant le début 2016 au plus tôt. Les marchés prévoient en outre que c'est à peu près à ce moment que la banque centrale pourrait recommencer à hausser ses taux d'intérêt, justement pour limiter l'inflation.