Le gouvernement Harper a multiplié les accords de libre-échange depuis son arrivée au pouvoir en 2006, mais il a déployé peu d'efforts concertés pour soutenir les entreprises canadiennes désireuses de profiter d'un accès élargi et privilégié à ces nouveaux marchés.

Le Canada aurait avantage à s'inspirer de pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni ou la Nouvelle-Zélande qui ont fait le ménage dans les programmes de soutien aux entreprises désirant conquérir de nouvelles parts de marché afin de mettre l'accent sur la «diplomatie commerciale».

C'est du moins le constat que dresse la Chambre de commerce du Canada (CCC) dans un rapport qui sera publié aujourd'hui, alors que l'on s'inquiète de plus en plus de la chute des exportations canadiennes aux États-Unis et ailleurs à l'étranger depuis la crise économique.

Selon le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, les exportations des entreprises canadiennes à l'étranger, notamment aux États-Unis, devraient être d'environ 40 milliards de dollars de plus si elles profitaient de la part qui leur revient depuis la fin de la crise économique de 2008.

Retrait des marchés

Pis encore, quelque 9000 sociétés canadiennes se sont retirées des marchés internationaux depuis la récession, faute de soutien coordonné de la part des autorités gouvernementales, selon les chiffres de la CCC.

«Les traités commerciaux n'abordent qu'une petite partie des obstacles auxquels les entreprises se heurtent dans les marchés extérieurs», affirme la CCC dans ce rapport de 25 pages intitulé Un point tournant - Comment rétablir notre succès commercial sur les marchés étrangers.

«C'est pourquoi les gouvernements du monde entier ont recours à d'autres mécanismes d'intervention pour aider leurs entreprises à l'étranger. Sous la bannière de la «diplomatie commerciale» et de la «politique économique», le Royaume-Uni et les États-Unis, par exemple, ont réorganisé leur service extérieur, il y a plusieurs années, pour le concentrer davantage sur les objectifs commerciaux», ajoute la Chambre.

La CCC relève quelques lacunes dans la politique commerciale du gouvernement Harper. D'abord, l'image de marque commerciale du Canada demeure faible comparativement à la majorité des pays industrialisés, et la présence des dirigeants de grandes entreprises dans les délégations commerciales est limitée.

Ensuite, il existe un manque flagrant de coordination des services de promotion du commerce. Il existe des douzaines d'organismes et des centaines de programmes provinciaux et fédéraux pour les PME. Mais bon nombre d'entreprises ont de la difficulté à se retrouver dans un tel écosystème de la promotion du commerce, d'autant plus qu'il y a souvent des chevauchements et des lourdeurs administratives.

Aussi, le Canada est le seul pays du G7 qui n'a pas cru bon de mettre sur pied sa propre institution financière de développement pour stimuler les investissements privés dans les pays en développement.

Bien qu'elle salue les efforts du gouvernement Harper pour conclure de nouveaux accords de libre-échange avec l'Union européenne et la Corée du Sud, entre autres, la CCC croit qu'un sérieux coup de barre s'impose pour donner une nouvelle impulsion aux exportations des entreprises canadiennes.

Ainsi, elle propose notamment au gouvernement Harper de:

- nommer un ambassadeur de négociations commerciales qui aurait comme mandat de coordonner les efforts d'Ottawa, des provinces et du secteur privé pour favoriser les exportations canadiennes et trouver de nouveaux débouchés à l'étranger. Un tel poste existe;

- revoir les programmes de promotion du commerce pour favoriser une meilleure concertation. Un portail en ligne pouvant assurer un accès facile devrait aussi être créé;

- concevoir une stratégie de marque globale qui permettrait de faire la promotion de l'image des produits, des technologies et du savoir-faire canadiens à l'étranger;

- affecter davantage de ressources au service des délégués commerciaux. Il serait aussi opportun de permettre aux diplomates d'acquérir une expérience des affaires pour les aider à mieux comprendre les besoins des entreprises.

«La faiblesse de l'image de marque commerciale du Canada montre peut-être qu'il ne la gère pas assez activement à l'étranger. Des gouvernements fédéraux successifs ont négligé de promouvoir et de former l'image de marque du Canada sur la scène internationale, alors que certains estiment que le Canada ne dépense que 10% de ce que les autres pays du G8 consacrent à la diplomatie commerciale», peut-on lire dans le rapport.