ANALYSE - Tout est perfectible. Les écarts de richesse peuvent diminuer, le taux de chômage peut baisser, le pouvoir d'achat, augmenter, tout comme le taux de littératie financière ou... la température.

Reste que la santé économique du Canada et des Canadiens dans leur ensemble continue d'étonner quand on la regarde.

La dette des ménages, la principale préoccupation de la Banque du Canada quand elle soupèse les risques à la poursuite de l'expansion de l'économie, a diminué pour la première fois depuis des lustres, au quatrième trimestre. Le taux d'endettement en proportion du revenu disponible a reculé depuis son sommet de 22 centièmes, à 166,08 %. C'est encore très élevé, davantage que le taux des ménages américains, estimé à 152,5 % par Statistique Canada.

Cela ne doit pas faire oublier que la valeur nette des ménages canadiens en fonction du revenu disponible a bondi de plus de 14 points, à 714,84 %, un sommet historique. L'appréciation des marchés boursiers et immobiliers explique ce bond spectaculaire.

Pour mieux comprendre la situation moyenne des ménages, on mesure la proportion de la dette sur la valeur totale de leurs actifs. C'est 18,85 % seulement. Exprimé autrement, cela signifie que pour chaque dollar de dette, un ménage détient en moyenne 5,30 $ d'actif. On a déjà vu pire.

Évidemment, si le prix des maisons devait s'effondrer comme le prédisent quelques Cassandre, ce beau bilan se détériorerait rapidement. Il en irait de même du service de cette dette, si le loyer de l'argent grimpait trop vite.

N'empêche, les Canadiens empruntent moins. L'augmentation du crédit aux ménages a été la plus faible observée depuis 2001, durant l'automne.

À l'échelle de l'économie aussi, le bilan du Canada est plus qu'enviable.

On sait qu'il est le pays du G7 dont l'expansion est la plus forte au cours du présent cycle.

On déplore quand même les difficultés des exportateurs ainsi que le déficit du compte courant qui équivaut à 3,2 % de la taille de l'économie. Autrement dit, l'ensemble de nos transactions commerciales et financières avec le monde était déficitaire, l'an dernier.

Si on établit le bilan des investissements internationaux du Canada plutôt que le solde de ses échanges, le portrait se transforme.

Quand on additionne tous les investissements directs (création de filiales, achats d'immeubles ou d'entreprises) et de portefeuilles (actions, obligations, titres hypothécaires, etc.) du Canada à l'étranger et qu'on leur soustrait tous les investissements de même nature des étrangers chez nous, on obtient un léger surplus de 26,7 milliards de dollars.

Cela peut sembler bien peu. C'est néanmoins une première, à moins de remonter jusqu'à l'époque où la Compagnie de la Baie d'Hudson vendait des peaux de castor à l'Angleterre, comme le suggère avec humour Douglas Porter, économiste en chef de BMO Marchés des capitaux.

Cette remontée spectaculaire est attribuable à la combinaison opportune de deux facteurs: les marchés boursiers ont très bien performé en 2013, tandis que la dépréciation du dollar canadien gonflait la valeur des avoirs canadiens détenus à l'étranger.

Cette situation pourrait s'inverser rapidement, mais l'amélioration plausible de nos échanges commerciaux et financiers internationaux en cours d'année peut aussi la consolider.

On peut noter enfin que la dette brute des administrations publiques (fédérales, provinciales et territoriales) équivaut à 111,37 % du produit intérieur brut canadien. Il s'agit de la deuxième baisse d'affilée, après le sommet en 13 ans de 112,86 %, observé le printemps dernier.

La dette nette (la dette brute moins les actifs financiers) équivaut pour sa part à 51,07 %. Elle est en hausse de deux centièmes par rapport à celle de l'été.

Dans les années 90, quand le Canada avait perdu sa cote triple A, le ratio avait atteint 93 %!