Les familles de la classe moyenne au Canada peinent à boucler leur budget, mais pas la «famille type» utilisée par le gouvernement fédéral dans son budget. Les détracteurs affirment que les revenus en croissance rapide de la famille sont aussi une fiction totale.

Le budget de la semaine dernière a présenté Blake, Laurie et leurs enfants, une famille fictive comptant sur des salaires combinés de 120 000 $ - et profitant de 3400 $ en économies d'impôt annuelles, gracieuseté des politiques conservatrices.

Les deux budgets précédents avaient offert des exemples similaires de ménages: Michael et Kate en 2012 et Thomas et Colleen en 2013, chacun avec deux enfants. Dans ces budgets, les économies d'impôt annuelles étaient de 3105 $ et 3200 $ pour ces familles, incluant des crédits d'impôt pour l'éducation physique et les formations artistiques pour les enfants.

Michael et Kate - avec 100 000 $ en revenus combinés - ont été assimilés à une famille «moyenne» lorsque la série de famille type a été lancée en 2012.

Mais un examen plus approfondi des salaires changeants de ces ménages montre des augmentations fulgurantes, bien au-delà de l'inflation, et en contradiction avec la réalité du marché du travail de plusieurs Canadiens.

Le salaire de madame a ainsi bondi à 72 000 $ en 2014, par rapport à 60 000 $ deux ans plus tôt, une progression de 20%. Le salaire de monsieur, lui, est passé de 40 000 $ à 48 000 $ durant la même période, également une progression de 20%.

En plus de ces hausses marquées de salaires viennent des «économies» d'impôt additionnelles. La famille a épargné par exemple 111 $ de plus en taxes sur les produits et services dans les trois budgets fédéraux, grâce aux réductions de deux points de pourcentage de la TPS par les conservateurs les années précédentes.

Ces statistiques d'économies d'impôt par les familles, grimpant de 3100 $ à 3400 $ au cours des trois derniers budgets, ont été citées fréquemment par des responsables du gouvernement conservateur - et par le premier ministre Stephen Harper lui-même lors d'un congrès à Calgary l'automne dernier.

«Une famille type de quatre personnes paie plus de 3000 $ de moins en impôts depuis notre arrivée au gouvernement, a fait valoir M. Harper dans un discours thème devant des partisans, le 1er novembre. Cela représente les traites pour une voiture pendant une année entière.»

La porte-parole néo-démocrate en matière de finances a qualifié de fantaisistes les chiffres du ministère des Finances. «Cela démontre que leur politique fiscale se base sur une comptabilité fictive, a soutenu la députée Peggy Nash, en entrevue à Toronto. Les conservateurs sont déconnectés de la famille moyenne en prétendant qu'elle a accru ses revenus de manière aussi marquée au cours des dernières années.»

«C'est tout simplement irréaliste», a-t-elle affirmé, accusant aussi le gouvernement de truquer les données sur l'emploi pour embellir son bilan économique.

Stephanie Rubec, du ministère des Finances, a défendu les données sur les salaires, affirmant qu'elles se basent en partie sur des chiffres de l'Agence du revenu du Canada, tirés des déclarations de revenus, et sur des projections d'économistes du secteur privé.