Le premier ministre Stephen Harper semble vouloir se rétracter quant à sa promesse de fractionnement des revenus des ménages et tente de trouver un compromis qui permettrait à la fois d'attirer plus d'électeurs et de préserver la satisfaction du caucus et de la base du Parti conservateur.

Des sources conservatrices ont affirmé que le ministre des Finances, Jim Flaherty, ne faisait qu'évoquer des discussions internes, plus tôt cette semaine, en émettant contre toute attente des doutes quant à la faisabilité de la mesure.

En vertu de cette importante promesse électorale de 2011, les travailleurs avec des enfants pourraient additionner jusqu'à 50 000 $ de revenus en remplissant leur déclaration de revenus, ce qui réduirait la charge fiscale totale du couple.

Mais cette mesure ne profiterait qu'à certaines structures familiales seulement; les familles monoparentales, entre autres, n'en bénéficieraient pas.

Des sources ont indiqué qu'une certaine incertitude régnait tant sur la sagesse de la mesure en elle-même que sur sa pertinence politique.

Le parti tente de déterminer si d'autres scénarios sont possibles afin de diminuer la charge fiscale des familles et d'attirer un plus large bassin d'électeurs. Relever la prestation universelle pour la garde d'enfants, un programme qui permet aux parents de toucher 100 $ par mois par enfant de moins de six ans, est l'un des scénarios envisagés.

Interrogé sur cette question, le premier ministre Harper lui-même a pris soin d'éviter de s'engager à propos du fractionnement des revenus, évoquant plutôt un allégement fiscal pour les familles.

«Une fois l'équilibre budgétaire atteint et une fois des surplus dégagés, nous pourrons évidemment discuter de la suite des choses. Mais nous sommes très clairs, nous avons pris des engagements et la réduction d'impôts pour les familles canadiennes figurera parmi nos plus importantes priorités», a-t-il indiqué jeudi.

Et même si M. Harper tente d'esquiver la question, les Canadiens devraient tout de même avoir une réponse claire à ce sujet, a estimé jeudi le chef de l'opposition officielle, Thomas Mulcair.

«M. Flaherty persiste et signe: ce n'est pas une bonne idée», a-t-il souligné.

Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, a de son côté affirmé qu'avec cette mesure, les conservateurs laissaient clairement voir qu'ils jugeaient plus important de faire de la politique plutôt que de bons programmes.

«Ma vision pour élaborer la plateforme libérale, au cours de la prochaine année et demie, c'est de penser à comment nous implanterons les politiques plutôt que de nous demander si ce sera vendeur pour les votes», a-t-il lancé.