Le ministre du Commerce international, Ed Fast, exhorte les entreprises canadiennes à partir à la conquête du marché européen dès maintenant. Nul besoin, selon lui, d'attendre la ratification de l'entente historique de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne pour forger des alliances stratégiques, établir un plan d'affaires ou se tailler une place sur ce marché de 500 millions de consommateurs.

En principe, le traité de libre-échange, conclu au terme de près de quatre ans de négociations l'automne dernier, devrait être ratifié d'ici deux ans. Mais pour le ministre Fast, rien ne justifie d'attendre cette étape, car les entreprises doivent commencer à labourer le terrain européen rapidement si elles veulent obtenir leur part de la manne.

Dans une entrevue accordée à La Presse, M. Fast a soutenu que cet accord change la donne économique de manière considérable et à l'avantage du Canada. D'autant plus qu'Ottawa et Bruxelles ont réussi à conclure un accord avant les États-Unis qui ont lancé, l'été dernier, des pourparlers en vue de parapher une entente de libre-échange avec l'Union européenne.

«L'entente de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne est la plus ambitieuse jamais conclue dans l'histoire du pays [...] Mais il faut s'assurer que nos petites et moyennes entreprises prennent les moyens maintenant pour profiter des avantages de cet accord», a affirmé le ministre.

Cet appel à passer à l'action, le ministre Fast entend le répéter ad nauseam en 2014. «Nous avons fait notre travail en trouvant de nouveaux marchés avec cet accord. Il appartient maintenant aux entreprises de prendre leurs responsabilités. C'est une occasion unique à ne pas manquer», a-t-il martelé.

Selon certaines estimations, cette entente de libre-échange entraînera la création de 80 000 emplois au Canada et fera progresser de 20% les échanges commerciaux entre les deux parties, ce qui générera quelque 35 milliards de dollars d'activité économique supplémentaire par an. Le gouvernement souhaite que cet accord soit ratifié avant les prochaines élections, prévues en octobre 2015.

Pour la première fois, le gouvernement fédéral a invité les provinces à participer aux négociations parce que certains des dossiers relevaient de leur compétence. Alors que le gouvernement Harper reluque des ententes avec d'autres pays et blocs économiques (Japon, Inde, Corée du Sud, Maroc et Asie), le ministre s'engage à continuer à informer ses homologues des provinces des tenants et aboutissants des négociations futures.

«L'esprit de collaboration que nous avons instauré dans le cadre des négociations avec l'Union européenne ne changera pas. La formule pourrait varier d'un traité à l'autre, mais les canaux de communication seront maintenus avec mes homologues pour m'assurer qu'ils soient bien au fait des résultats que nous obtenons», a dit le ministre.

Partenariat transpacifique

Même si l'entente a été conclue avec l'Union européenne, M. Fast n'entend pas se reposer sur ses lauriers. En 2014, il compte évidemment continuer à faire la promotion de cet accord, mais il souhaite aussi faire avancer les négociations du Partenariat transpacifique (PTP).

Le Canada s'est joint aux négociations du PTP en même temps que le Mexique, le 8 octobre 2012. Outre le Canada et le Mexique, le PTP regroupe l'Australie, le Brunei, le Chili, les États-Unis, le Japon, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam.

S'il ne veut pas avancer un échéancier, M. Fast affirme que le Canada ne signera pas d'entente s'il ne croit pas qu'elle est dans l'intérêt économique du pays. «Notre priorité absolue est d'obtenir la meilleure entente possible pour le Canada. Nous ne signerons pas d'entente qui ne comporterait pas d'avantages pour le pays. Mais je peux confirmer que les 12 partenaires impliqués dans les négociations sont déterminés à mener ces pourparlers à terme dans un délai raisonnable», a dit le ministre.