L'endettement des ménages canadiens a atteint un sommet sans précédent au troisième trimestre, mais l'augmentation enregistrée est minime par rapport à la précédente période de trois mois, ce qui laisse croire que les Canadiens ont atteint leur limite en matière d'emprunt.

Le ratio de la dette par rapport au revenu annuel disponible des ménages a augmenté de 0,6 point de pourcentage, à 163,7%, lors des mois de l'été, période durant laquelle les Canadiens ont investi en force le marché de l'habitation, a fait savoir vendredi Statistique Canada.

La hausse signifie que les Canadiens doivent pratiquement 1,64 $ pour chaque dollar de revenu disponible qu'ils gagnent en une année.

Les analystes ont cependant trouvé réconfort dans le fait que l'augmentation était la plus petite progression du genre pour un troisième trimestre en 12 ans, et qu'elle suivait la plus faible hausse en 10 ans observée au trimestre précédent.

«Ces données devraient être encourageantes pour les responsables des politiques, et elles laissent penser que la Banque du Canada a raison d'avancer que les déséquilibres évoluent de façon positive», a affirmé Benjamin Reitzes, économiste principal chez BMO Marchés des capitaux.

«Les décideurs vont continuer de surveiller cette mesure, mais la hausse des taux d'intérêt et une meilleure croissance des revenus devraient stabiliser puis faire baisser ce ratio au cours des prochaines années», a-t-il ajouté.

De passage à Montréal, jeudi, le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a qualifié l'endettement des ménages de risque majeur pour l'économie canadienne, laissant entendre que la crainte d'une augmentation des emprunts expliquait son approche teintée de prudence en matière de taux d'intérêt.

«La croissance des emprunts des ménages a décéléré, et l'investissement résidentiel suit une trajectoire plus viable», a déclaré M. Poloz devant le Cercle canadien de Montréal.

«Quoi qu'il en soit, les risques entourant ce scénario doivent être gérés», a-t-il cependant ajouté.

Les responsables des politiques ont les yeux rivés sur le ratio d'endettement en partie parce qu'il était supérieur à 160 pour cent lorsque les ménages aux États-Unis et au Royaume-Uni ont connu des difficultés il y a cinq ans, problèmes qui ont contribué aux défaillances et à la crise financière à la source de la récession de 2008-09.

Ils craignent également qu'en raison du niveau élevé de leur endettement, de nombreux ménages canadiens ne soient pas en mesure de faire face à un éventuel choc financier comme la perte de revenus, ou encore à une soudaine hausse des taux d'intérêt qui augmenterait les frais de service de la dette.

Un tel scénario pourrait donner lieu à une sérieuse correction des prix des habitations de même qu'à une réduction des dépenses des ménages dans les autres secteurs, conséquences qui affecteraient l'économie canadienne dans son ensemble.