Qu'elle soit royale, urbaine ou rurale, les spéculateurs qui ont misé sur la poste privée ont empoché de gros profits cette année encore. Tour du monde sur un timbre, alors que Postes Canada combat son déficit.

Angleterre: Royal Mail

La Royal Mail britannique a été introduite en Bourse il y a deux mois, à la suite de la cession par l'État de 60% de son capital. L'action du groupe postal offerte à 330 pence (0,57$CAN) a aussitôt atteint des sommets, valant au gouvernement l'accusation d'avoir bradé l'entreprise. Le titre cotait 587 pence, hier.

Le groupe, qui vient de publier ses résultats pour la première fois en tant que société cotée, a quasi doublé le bénéfice d'exploitation de son service postal, après coûts de restructuration, au premier semestre. La poste britannique prévoit en redistribuer une large part sous forme de dividende annuel.

Japon: Yamato

Dans un pays réputé pour l'efficacité de ses services, la société Yamato s'est imposée comme le numéro un de la livraison rapide de colis à domicile et, avec 75 000 salariés, est devenue un plus gros employeur que Toyota. Malgré les embûches réglementaires, Yamato a tissé un réseau couvrant aujourd'hui tout l'archipel, jusqu'aux petites îles les moins desservies. Difficile de ne pas croiser dans une journée au Japon l'une des 27 000 camionnettes frappées du sigle d'une chatte noire sur fond jaune portant son chaton. Alors que le Japon luttait contre la récession et le chômage, Yamato n'a cessé d'accroître son chiffre d'affaires et d'empiler les profits ces cinq dernières années. En Bourse, les actions du roi du colis ont augmenté de 60% cette année.

États-Unis: UPS

United Parcel Services (UPS) dispose d'un avantage concurrentiel incomparable avec son réseau global de ramassage et de livraison sol-air intégré, note l'analyste Keith Schoonmaker, de Morningstar. Le rendement du capital investi est deux fois plus élevé que le coût de ce capital, observe-t-il encore. Le numéro un mondial de la distribution de colis affiche revenus et profits en hausse depuis cinq ans, mais vient d'abaisser sa prévision de bénéfice pour l'ensemble de 2013, laissant entendre que la reprise économique mondiale restait une perspective lointaine. Le titre a tout de même doublé depuis cinq ans et augmenté de 37% depuis le début de l'année. La moitié des analystes qui s'y intéressent en recommandent l'achat, bien que son cours record approche la cible sur 12 mois.

États-Unis: FedEx

«Federal Express est un des deux titans de l'expédition de colis aux États-Unis et nous ne prévoyons pas que cela change», écrit l'analyste Keith Schoonmaker, de Morningstar. La société américaine de messagerie et de logistique, présentée comme un baromètre de l'économie américaine en raison des volumes de marchandises qu'il achemine, a dégagé des profits de près d'un demi-milliard au cours de son dernier trimestre, mais a revu hier à la baisse ses prévisions de résultats en raison de la surcapacité et du «choix des clients se portant sur des services plus lents et moins chers». Une hausse de tarifs est projetée l'an prochain. En Bourse, FedEx affiche néanmoins un gain de plus de 100% sur cinq ans et de 50% depuis le début de l'année.

Canada: TransForce

La livraison de colis et de courrier constitue le secteur qui croît le plus rapidement chez le transporteur routier montréalais TransForce. Ses filiales Dynamex et Velocity Express assurent la livraison le jour même, tandis que ATS Retail Solutions, Canpar Courier, Loomis Express et ICS Courier offrent leurs services pour le lendemain. TransForce est l'un des grands succès de Québec inc. avec une appréciation boursière de plus de 20% cette année encore. C'est notamment l'un des titres préférés de Renato Anzovino, vice-président et gestionnaire de portefeuille de la Société de gestion Heward, en raison de la croissance remarquable de son dividende, qui rapporte maintenant 2,3%.