Le premier ministre Stephen Harper défend la prérogative de son gouvernement de restreindre le nombre d'entreprises étrangères pouvant investir au pays, affirmant vendredi qu'il serait «impensable d'offrir une clarté absolue» lorsqu'il est question des normes guidant ces investissements.

Selon des détracteurs, le Canada doit impérativement déterminer des règles plus claires pour les investisseurs étrangers, particulièrement dans la foulée de l'argument maintes fois brandi par les conservateurs selon lequel le pays est «ouvert au monde des affaires».

Mais lorsqu'il est question de propositions faites par des investisseurs étatiques étrangers, M. Harper soutient qu'il doit y avoir une «marge» pour que le gouvernement «exerce son jugement».

Depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs, en 2006, le gouvernement Harper a plusieurs fois modifié la Loi sur Investissements Canada, resserrant le cadre réglementaire avec une interdiction virtuelle sur les grandes acquisitions dans le secteur pétrolier par des entreprises étatiques étrangères.

Ottawa a également rejeté deux acquisitions importantes - celle de MacDonald, Dettwiler and Associated par une firme américaine, et celle de Potash Corp. par l'entreprise australienne BHP Billiton.

Le gouvernement a aussi imposé récemment son veto à la vente de la division Allstream du Manitoba Telecom Service au groupe d'investissement égyptien Accelero Capital, en invoquant des raisons de «sécurité nationale».

L'automne dernier, le gouvernement a fait tourner en rond la Chinoise CNOOC et la Malaisienne Petronas pendant des mois avant de finalement approuver leurs achats dans le secteur gazier et pétrolier, tout en modifiant également les règles pour que de telles ententes soient improbables à l'avenir.

Pendant ce temps, un rapport publié cette semaine par la Fondation Asie-Pacifique du Canada a révélé que même si le Canada est sur le radar des investisseurs chinois, le pays n'est toutefois pas considéré comme une destination de choix.

Pour Stephen Harper, cela s'inscrit dans le cadre d'une stratégie «plus interventionniste», et selon lui, les Canadiens ne veulent pas que des secteurs entiers de l'économie appartiennent à un autre pays.

S'exprimant lors d'une période de questions-réponses à Toronto, le premier ministre a aussi fait remarquer qu'un accord commercial de grande envergure, semblable à celui signé récemment entre l'Union européenne et le Canada, ne pourrait être conclu avec des pays tels que la Chine et l'Inde, puisque ce type d'entente «n'entre simplement pas dans leur type de cadre».