Le gouvernement Harper presse le NPD de prendre position dès maintenant sur l'accord de libre-échange avec l'Union européenne, bien que sa rédaction ne soit pas terminée et que plusieurs éléments techniques doivent encore être négociés.

«Les négociations ont été ouvertes et transparentes, a affirmé le ministre du Commerce international, Ed Fast, en comité parlementaire ,hier. C'est pourquoi je suis surpris que le NPD ne veuille tout simplement pas prendre position sur cette question.»

Mais le NPD qualifie cette insistance d'«absurde», soulignant que seul un résumé de l'entente de principe a jusqu'ici été rendu public et que les négociations ont eu lieu dans le plus grand secret.

«C'est toujours en négociation et il y a énormément de détails qui doivent être révélés au public, a précisé le député du NPD Don Davies. Chez un concessionnaire automobile, les Canadiens ne se fieraient pas seulement à ce que le vendeur leur dit sur la voiture.»

Pas avant deux ans

M. Fast et le négociateur en chef du Canada, Steve Verheul, ont indiqué hier qu'il reste encore une série de questions techniques à négocier, dont la formulation de certaines parties de l'accord. Cette étape pourrait prendre encore deux ou trois mois, a évalué M. Fast.

«Nous croyons qu'à partir du moment où nous finirons les négociations, pour passer à travers la révision juridique, la traduction et la ratification, ça pourrait prendre environ deux ans», a ajouté M. Verheul.

Le ministre Fast n'a pas voulu dire quand les Canadiens pourront consulter le texte final de l'entente.

M. Verheul a précisé que près de 99 % de l'accord pourrait être mis en oeuvre dès son approbation par le Parlement européen, et avant la ratification par les États membres de l'Union européenne.

Leçons du chapitre 11

Le ministre Fast a aussi refusé de fournir son évaluation de la hausse prévue pour le coût des médicaments au Canada. «Je ne vous fournirai pas, à vous ou au public, de l'information de nature spéculative», a-t-il tranché.

Les deux témoins ont tout de même donné quelques détails sur d'autres portions de l'entente. Au sujet du processus de règlement des différends entre investisseurs et États, le négociateur Steve Verheul a expliqué que le Canada avait tiré certaines leçons de son expérience avec le chapitre 11 de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). «Il n'y aura aucune possibilité d'infirmer des décisions environnementales ou de restreindre la capacité du gouvernement de réglementer» dans ce domaine, a-t-il affirmé.

Le ministre Fast a quant à lui voulu se faire rassurant au sujet de l'eau, un autre sujet sensible dans les dossiers de libre-échange. «Il n'y a rien dans cet accord qui va forcer les municipalités canadiennes à privatiser leurs systèmes d'eau», a-t-il promis.

20 %

Deux études rendues publiques cette semaine ont mis en doute les bénéfices potentiels de l'entente, tels qu'évalués par l'Union européenne et le Canada. Le négociateur Steve Verheul a indiqué hier que l'augmentation de 20 % des échanges économiques pouvait au contraire avoir été sous-estimée.