Dassault et Boeing ont invité le gouvernement canadien à mettre en place une véritable compétition pour remplacer les vieux chasseurs CF-18, plutôt que d'accorder directement le contrat à Lockheed Martin pour le F-35.

«La meilleure façon, pour le Canada, de tirer le meilleur parti industriel et économique du remplacement du CF-18, c'est l'ouverture d'une compétition», a déclaré le vice-président principal de Dassault Aviation pour les affaires de l'Union européenne et de l'OTAN, Yves Robins, à l'occasion d'un sommet organisé par l'Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC), hier, à Ottawa.

Le gouvernement Harper n'a pas lancé d'appel d'offres officiel pour remplacer le CF-18, mais il a demandé un certain nombre de renseignements à Lockheed Martin et à d'autres constructeurs d'avions de chasse, soit Boeing pour le F-18, Dassault pour le Rafale et EADS pour l'Eurofighter Typhoon.

M. Robins a profité du petit laïus de remerciement qu'il devait prononcer après un discours de la ministre fédérale des Travaux publics, Diane Finley, hier midi, pour passer son message.

Il a fait valoir que le Canada pourrait obtenir des retombées équivalant à 100% de la valeur du Rafale s'il choisissait cet appareil. Il a ajouté que Dassault était prête à transférer toute la propriété intellectuelle de la technologie du Rafale au Canada et à y faire effectuer tout le soutien en service.

«Nous avons énormément de choses à faire valoir, énormément de choses à proposer au Canada, et en particulier à l'industrie aéronautique canadienne», a déclaré M. Robins à La Presse Affaires après son propos.

Même discours chez Boeing

Le président et chef de la direction de Boeing Défense, Espace et Sécurité, Dennis Muilenburg, a également profité de sa participation au sommet de l'AIAC pour souhaiter une concurrence ouverte.

«C'est ce qu'il faut pour obtenir la meilleure technologie», a-t-il soutenu au cours d'une séance de questions et réponses, après avoir prononcé un discours sur l'innovation chez Boeing.

Il a fait valoir que son entreprise avait livré 600 appareils F-18 au prix convenu au départ et en avance sur l'échéancier, lançant ainsi une flèche au F-35 de Lockheed Martin, le Joint Strike Fighter, qui accumule les retards et les dépassements de coûts.

«Dans le discours du Trône, le gouvernement canadien a insisté sur la nécessité d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2015, a rappelé M. Muilenburg. Il faut donc obtenir une certitude en ce qui concerne les coûts et les échéanciers.»

Hier, la ministre Finley est demeurée vague sur les prochaines étapes du processus de remplacement du CF-18.

«Nous ne voulons pas que le processus s'éternise, a-t-elle simplement déclaré dans son discours à l'AIAC. Nous voulons compléter cela le plus rapidement possible.»

Regain d'intérêt pour la CSeries

Les nouvelles commandes se font encore attendre, mais Bombardier a quand même constaté un sérieux regain d'intérêt pour la CSeries après son premier vol, le 16 septembre dernier. «Le niveau d'activité, les visites que nous avons eues à Montréal, en particulier à Mirabel, depuis que nous avons volé montrent qu'il y a beaucoup d'attention pour la CSeries en ce moment», a affirmé le vice-président au marketing de Bombardier Avions commerciaux, Philippe Poutissou, en entrevue avec La Presse Affaires hier, en marge du sommet de l'AIAC. - Marie Tison