L'ancien premier ministre du Québec Jean Charest a exprimé sa confiance, mardi, concernant le déroulement des négociations en vue d'un accord sur le libre-échange entre le Canada et l'Europe.

L'été dernier, M. Charest avait tiré la sonnette d'alarme en réclamant une intervention plus vigoureuse du premier ministre Stephen Harper dans le dossier, qui traine en longueur.

Lors d'une entrevue à La Presse Canadienne, mardi, M. Charest a déclaré qu'une entente est à portée de main. Sans s'avancer sur un horizon, l'ex-premier ministre, qui est retourné à la pratique du droit, a affirmé que les pourparlers pourraient se conclure d'ici la fin de l'année.

«Les signaux sont bons et on se croise les doigts, a-t-il dit. On se dit qu'on n'est probablement pas très loin d'une entente.»

À la fin de septembre, l'ex-ministre libéral John Manley avait évoqué un possible échec des discussions. M. Manley avait notamment insisté sur les conséquences que cela pourrait avoir sur la crédibilité de l'Union européenne (UE), dans le contexte où des discussions de libre-échange se déroulent parallèlement avec les États-Unis.

La semaine dernière, la nouvelle ambassadrice de l'UE au Canada, Marie-Anne Coninsx, avait exprimé un optimisme prudent, qui a trouvé écho chez M. Charest, mardi.

«Les échos que j'en ai, tant du côté européen que du côté canadien, sont positifs, a-t-il dit. La consigne pour tout le monde est d'essayer d'éviter de trop spéculer, comme l'ambassadrice l'a dit, parce qu'ils ne veulent pas distraire les négociateurs du règlement qui est à portée de main.»

À l'occasion de son entrée en fonction officielle, Mme Coninsx avait mis en garde contre les risques de spéculations sur les derniers enjeux encore à négocier par les représentants de M. Harper et du président de la Commission européenne, José Manuel Barrosso.

M. Charest, qui a initié les démarches précédant la négociation alors qu'il était premier ministre, a semblé rassuré par l'implication plus grande de M. Harper, qui a confirmé en septembre la mobilisation de représentants de son entourage dans les discussions.

«Sur le plan politique, les choses ont été prises en main, a-t-il dit. Ça progresse. Et c'est Barrosso qui est clairement devenu le correspondant du côté européen.»

En août dernier, l'ex-premier ministre, défait à l'élection de septembre 2012, s'était inquiété de la concurrence que pourraient constituer les discussions amorcées cet été entre l'UE et les États-Unis, en vue de conclure un accord similaire.

Tout en soulignant que l'impasse budgétaire américaine avait forcé l'annulation temporaire des discussions entre les deux parties, M. Charest a répété que cette simultanéité demeure un danger pour le Canada.

«La présence américaine elle est sentie, et là, ça vient colorer les enjeux, alors vaut mieux régler», a-t-il dit.

En cours de négociation depuis quatre ans, l'accord économique et commercial global (AECG) couvre des secteurs plus vastes que l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), conclu il y a près de 20 ans par le Canada, les États-Unis et le Mexique.

En plus des droits d'exportation, il inclurait aussi la coopération en matière de réglementation, l'investissement et les obstacles techniques au commerce.

Des différends demeurent concernant l'agriculture, alors qu'en échange d'une augmentation des exportations de boeuf du Canada, les Européens ont réclamé de pouvoir exporter davantage de fromage, ce qui a suscité des craintes au Québec relativement à la gestion de l'offre dans le secteur de la production laitière.

Les exceptions en matière de production culturelle sont aussi parmi les points qui demeurent sur la table, tout comme les règles encadrant le secteur des services financiers et celles qui régissent la propriété intellectuelle.