Un bras de fer se dessine entre Ottawa et Paris alors que le gouvernement de François Hollande s'apprête à réclamer devant les Nations unies une extension des eaux territoriales de Saint-Pierre-et-Miquelon. En arrière-plan: l'espoir de profiter de la manne pétrolière.

L'ambassadeur du Canada en France, Lawrence Cannon, a réitéré hier qu'Ottawa avait l'intention de s'opposer au projet de Paris. Après un discours prononcé devant le Conseil des relations internationales de Montréal, il a affirmé que la position canadienne dans ce dossier n'avait pas changé depuis la délimitation officielle de la frontière entre Saint-Pierre-et-Miquelon et Terre-Neuve par les Nations unies, en 1992.

Les ambitions françaises ne sont pas nouvelles, mais elles ont refait surface dans un communiqué publié par l'Élysée en juillet. M. Hollande y évoquait «l'intention de la France» de déposer un dossier sur Saint-Pierre-et-Miquelon devant la Commission des limites du plateau continental, l'organisme onusien responsable d'examiner les demandes d'extension des eaux territoriales.

M. Cannon s'est rendu à Saint-Pierre-et-Miquelon au début de la semaine et au terme de son périple, il a publié un communiqué cosigné par le ministre des Affaires étrangères, John Baird. «Bien que la coopération avec Saint-Pierre-et-Miquelon soit importante pour le Canada, nous considérons le plateau continental canadien comme une question d'intérêt national», ont-ils déclaré.

Le litige Canada-France sur cette question a longtemps été dominé par les droits de pêche, mais ces dernières années, les hydrocarbures ont pris le dessus. Depuis 1997, le gisement Hibernia est en exploitation au large de Terre-Neuve-et-Labrador, et les pétrolières en découvrent régulièrement de nouveaux. Le plus récent est celui annoncé la semaine dernière par le géant norvégien Statoil.

Situé à 25 kilomètres des côtes de Terre-Neuve, l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon compte environ 6000 habitants.

Dans le cadre d'une initiative baptisée «Extraplac», la France envisage de réclamer une extension de ses eaux territoriales dans plusieurs régions, aux abords notamment de la Réunion (océan Indien), de la Polynésie française et de la Nouvelle-Calédonie.

Par ailleurs, interrogé au sujet du projet de libre-échange avec l'Union européenne, Lawrence Cannon n'a pas voulu s'avancer sur l'imminence ou non d'un accord.

«Ce qui est important, c'est que les deux parties conviennent d'un accord ambitieux», a-t-il déclaré.