Un directeur senior du géant de la défense Lockheed Martin soutient que l'industrie aéronautique canadienne pourrait perdre environ 10,5 milliards de dollars en contrats étalés sur plusieurs décennies si le gouvernement fédéral choisit de ne pas aller de l'avant avec sa commande controversée de 65 avions de chasse F-35.

Le vice-président exécutif de Lockheed Martin, Orlando Carvalho, affirme que la compagnie respectera des contrats d'une valeur totale de 500 millions de dollars déjà accordés à des partenaires canadiens, mais que d'autres contrats seront à risque sans la commande du gouvernement canadien.

«Si le gouvernement canadien décidait de ne pas choisir les F-35, nous respecterions certainement les engagements que nous avons pris avec l'industrie canadienne, mais notre approche, à l'avenir, serait d'essayer de faire des affaires avec les industries des pays qui nous achètent des avions», a-t-il affirmé lors d'un entretien suivant l'ouverture officielle des nouvelles installations d'inspection des moteurs à Montréal.

La compagnie Lockheed Martin estime que l'industrie canadienne pourrait potentiellement recevoir 11 milliards de dollars de contrats sur 25 à 40 ans, période pendant laquelle elle pourrait construire 3000 avions pour les armées de partout dans le monde.

Près de 72 entreprises canadiennes ont obtenu du travail à travers le projet des F-35. Industrie Canada a calculé que la valeur potentielle pourrait être de 9,8 milliards de dollars US, incluant les montants des contrats déjà accordés.

Ottawa évalue les solutions de rechange potentielles à son plan initial, qui était d'acheter 65 appareils F-35. L'an dernier, un rapport de la firme de services-conseil KPMG avertissait que la facture totale, incluant service et entretien, pourrait s'élever à 45,8 milliards de dollars sur 42 ans.

M. Carvalho affirme que Lockheed continue de réduire le coût de ses F-35. Les avions coûteraient au Canada autour de 75 millions de dollars, au coût d'aujourd'hui, ou environ 85 millions de dollars avec inflation lors de leur éventuelle livraison en 2018.

«À mesure que les lignes de production et les connaissances gagnent en efficacité, que nous construisons de plus en plus d'avion et que la production augmente, le coût des avions ne peut que baisser», a affirmé M. Carvalho.

Il a ajouté que les particularités de l'avion, dont la technologie furtive et les capacités de surveillance, en font le choix idéal pour le Canada.

De son côté, le directeur de Boeing, le concurrent de Lockheed Martin, s'est dit la semaine dernière confiant que ses appareils F-18 Super Hornet puissent combler les besoins militaires canadiens à moindre coût.

Selon James McNerney, ce n'est qu'une question de temps avant que le gouvernement canadien retourne en appel d'offres.