Aussi fort soit-il, Superman ne peut pas défendre seul Hollywood, qui se dirige vers une troisième baisse en quatre ans au box-office nord-américain.

À son premier week-end en salle, du 14 au 16 juin, le plus récent film de Superman, Man of Steel, a généré 117 millions US au Canada et aux États-Unis, un record à Hollywood pour le premier week-end d'un film qui prend l'affiche en juin.

En dépit de ce record, le box-office nord-américain connaît une baisse de 5% par rapport à la même période l'an dernier (du 1er janvier au 18 juin), selon Box Office Mojo. «Et l'été a quand même été plutôt bon au box-office», dit Sanjay Sood, professeur de marketing à UCLA et spécialiste de l'industrie du cinéma.

Pourquoi Superman, Iron Man et le capitaine Kirk de Star Trek - les trois superproductions de l'été 2013 - ne suffisent-ils pas à la tâche? Parce qu'ils sont en infériorité numérique dans l'univers des superhéros.

En 2012, le film Avengers - qui réunissait une demi-douzaine de superhéros, dont Iron Man, Captain America, Thor, Hulk et la Veuve noire - a généré 623 millions aux États-Unis et au Canada, dont 207 millions à son week-end d'ouverture.

Il s'agit du troisième film le plus lucratif au box-office, et d'un record pour un week-end d'ouverture. En guise de comparaison, Iron Man 3, de loin le film le plus populaire de 2013, a généré 400 millions jusqu'à maintenant, dont 174 millions à son week-end d'ouverture.

Iron Man 3 arrive ainsi au deuxième rang de l'histoire du box-office pour un premier week-end d'ouverture, derrière les Avengers.

Des Avengers qui avaient permis l'an dernier de stopper l'hémorragie au box-office nord-américain, dont les recettes avaient diminué de 0,3% en 2010, puis de nouveau de 3,6% en 2011.

En 2012, les propriétaires de cinémas ont vendu 1,358 milliard de billets pour des revenus de 10,8 milliards, une hausse de 5,7%.

Sans les Avengers, assistera-t-on à une troisième baisse en quatre ans au box-office en 2013? Spécialiste de l'industrie du divertissement, le professeur Sood reste optimiste.

«Il y a eu peu de films qui ont vraiment raté leurs prévisions. Avengers a eu un succès fou au box-office, mais le film a enlevé la chance à d'autres de bien réussir au box-office», dit le directeur du Centre de gestion des entreprises de médias, de sports et de divertissement de l'UCLA.

Si les studios auront fort à faire pour éviter une baisse des revenus au box-office cette année, c'est notamment parce qu'ils ont lancé plus tôt cette année leurs deux films les plus prometteurs.

Iron Man a été lancé le premier week-end de mai, comme les Avengers, mais Superman a fait son entrée sur les écrans à la mi-juin, un mois avant Batman (The Dark Knight Rises) l'an dernier.

Par surcroît, James Bond a pris congé du grand écran cette année, alors que son plus récent film, Skyfall, avait été le quatrième plus lucratif de l'année 2012 avec des recettes de 304 millions.

S'il est habitué à des lourdes responsabilités, Superman n'est pas à blâmer pour les difficultés d'Hollywood au box-office.

«L'enthousiasme pour aller au cinéma diminue avec les télés HD qui sont moins chères. Ça fait 10 ans que le cinéma peine à augmenter son nombre de billets vendus davantage que la croissance de la population en Amérique du Nord», dit Harold Vogel, président de la firme Vogel Capital Management et ex-professeur de l'industrie du divertissement à l'Université de Columbia à New York.

Les superhéros continueront de voler au secours d'Hollywood au cours des prochaines années. Disney lancera les films de Captain America et des Guardians of the Galaxy à l'été 2014, avant de ramener les Avengers au grand écran en mai 2015, tandis que Warner Bros. renchérirait avec la suite de Man of Steel et avec Justice League, d'ici 2016.

«Les films de superhéros sont moins risqués à cause de leur notoriété antérieure, ce qui est important quand on investit 250 millions dans un projet», dit le professeur Sanjay Sood.

«En raison de l'importance croissante du box-office international, il faut des histoires qui s'exportent bien, et les films de superhéros s'exportent mieux que les comédies ou les drames, dit l'investisseur Harold Vogel. Mais le public se lassera peut-être un peu des films de superhéros dans quelques années, comme c'est déjà arrivé avec Superman [absent du grand écran de 1987 à 2006].»

À lire dans La Press+ : l'état des finances des grands acteurs du cinéma américain, à l'aube de la saison des superproductions estivales.