Les consommateurs canadiens ont fait leur part pour l'économie ces dernières années en empruntant, ce qui a aidé le pays à traverser la pire crise depuis la Grande Dépression, mais c'est maintenant au tour des entreprises de faire preuve de confiance et de commencer à dépenser, a déclaré mercredi le nouveau gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz.

À l'occasion de son premier grand discours depuis son entrée en poste au début du mois, M. Poloz a fait l'éloge de la stabilité et de la patience, faisant remarquer que la cible de la banque centrale pour l'inflation restait «sacrée» et que la bonne tenue relative de l'économie canadienne pendant le ralentissement était largement attribuable aux ménages qui avaient contracté des dettes personnelles.

«Étant donné les circonstances, c'était une bonne chose que les ménages aient eu la capacité d'accroître leurs dépenses. Cela a permis d'amortir - et il le fallait - les pires effets de la contraction mondiale», a-t-il déclaré à la Chambre de commerce d'Oakville, à Burlington, en Ontario.

Et plutôt que d'adopter le ton de reproche utilisé dans certains avertissements précédents sur les niveaux insoutenables d'endettement, M. Poloz s'est dit confiant de voir les emprunteurs être capables de gérer leurs dettes lorsque les taux d'intérêt regagneront des niveaux qu'il considère plus normaux.

«Je suis convaincu que c'est exactement ce que font les gens», a-t-il dit.

L'ancien patron d'Exportation et développement Canada a cependant estimé que les bilans financiers des sociétés canadiennes étaient sains et qu'il était maintenant temps que les entreprises se remettent à investir.

Ce printemps, la Banque du Canada a diminué de la moitié d'un point de pourcentage, à 1,5 pour cent, sa prévision de croissance pour 2013, et elle a annoncé en mai que son taux directeur demeurerait inchangé à un pour cent. La prochaine annonce sur le taux directeur de la banque centrale aura lieu le 17 juillet.

La banque a estimé que la croissance économique serait de 2,8 pour cent en 2014 et de 2,7 pour cent en 2015.

M. Poloz a fait remarquer que «depuis le début de la récession, la création nette d'entreprises au Canada a été limitée», et que les exportateurs ont particulièrement souffert, les exportations accusant une perte de plus de 100 milliards $ par rapport à ce qu'elles devraient être à cette étape de la reprise.

«Le groupe le plus gravement touché parmi eux est celui des entreprises manufacturières, dont le nombre n'a cessé de décroître», a précisé M. Poloz.

La récession prolongée a mis un terme aux activités de maintes entreprises exportatrices, mais d'autres secteurs de l'économie sont en reconstruction.

«Heureusement, les bilans des entreprises canadiennes sont sains et la capacité d'investir est bien là», a-t-il dit.

M. Poloz considère que la hausse de la demande aux États-Unis sera le déclencheur pour la croissance des exportations et la hausse de la confiance des entreprises, un processus qui pourrait, selon lui, être déjà enclenché.