Les Québécois devront prendre la route de l'Ontario s'ils veulent se procurer le nouveau cidre Molson Canadian du brasseur Molson Coors, qui sera lancé en juin.

Pour des raisons de réglementation, notamment, il n'est pas dans ses projets de vendre ce nouveau produit aux Québécois, a expliqué le brasseur.

Selon le règlement, un cidre, pour être vendu au Québec, doit être fabriqué à 100% de pommes, dont 80% de pommes québécoises. Ce règlement constitue une barrière à l'entrée qui fait monter le prix du produit et qui complique singulièrement l'introduction de nouveaux cidres dans la Belle Province.

En contrepartie, les producteurs locaux sont protégés de la concurrence étrangère et se concentrent à fabriquer des produits de qualité comme le cidre de glace.

Pour Molson, il s'agit d'une troisième incursion dans le segment du cidre, par ailleurs en pleine expansion. Les volumes ont explosé de 80% aux États-Unis et de 65% en Ontario, en rythme annuel en 2012.

En février 2012, MillerCoors, aux États-Unis, a acheté Crispin Cider. L'été dernier, Molson Coors Canada a commencé à vendre hors Québec le cidre Strongbow sous licence. Aucun de ces produits abordables n'est vendu aux consommateurs québécois.

Les concurrents boudent aussi le Québec

Son concurrent Labatt vend aux Ontariens depuis mai 2012 le cidre Alexander Keith's Original Cider. Fabriqué aux États-Unis par Anheuser-Bush puis importé en Ontario, il se vend environ 14$ pour une caisse de 6 canettes de 355 ml. Lui non plus n'est pas offert au Québec, a confirmé Labatt hier.

Les Québécois n'ont pas non plus la possibilité de goûter aux meilleurs vendeurs de la catégorie des cidres en Amérique du Nord. Ceux-ci, les Woodchuk, Crispin et Strongbow, sont commercialisés comme un concurrent à la bière, que ce soit par leur contenant ou par leur prix. Souvent fabriqués à partir de concentré, les produits des marques populaires se vendent à un prix semblable à celui des bières de spécialité.

Au Québec, où, depuis près de 25 ans, on a choisi de commercialiser le cidre comme un substitut au vin, la croissance est moins spectaculaire qu'ailleurs, de l'ordre de 12% en 2012. Les nectars de pomme les moins chers ne se vendent pas sous les 8 $ la bouteille de 750 ml à la Société des alcools. On estime à 20 millions de dollars les ventes de cidre au Québec.

Récemment, certains acteurs industriels québécois ont tenté leur chance, comme le fabricant de jus Lassonde, qui propose le Dublin's Pub, vendu dans des bouteilles translucides de 341 ml à 5% d'alcool par volume et servi avec un faux col. Groupe Geloso, qui commercialise les cidres Beaupré, est un autre exemple.