Le gouvernement du Canada vient de lancer une campagne dynamique pour séduire les travailleurs des technologies de Silicon Valley frustrés par les politiques américaines en matière de visa et les inciter à adopter le Canada. Au même moment, le Congrès se débat avec une réforme du système d'immigration américain depuis longtemps espérée.

Jason Kenney, ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme du Canada, est arrivé hier dans la baie de San Francisco pour un séjour de quatre jours. Le but de sa visite est de proposer un nouveau visa aux entrepreneurs en démarrage d'entreprise, afin de stimuler l'économie de haute technologie du pays.

«À mon avis, tout le monde sait que le système américain est plutôt dysfonctionnel», a affirmé le ministre en entrevue au San Jose Mercury News.

«Le Canada est prêt à faire des affaires; nous sommes ouverts aux nouveaux arrivants. C'est le message que je suis venu diffuser. S'ils se qualifient, nous leur donnerons l'équivalent de la carte verte dès leur arrivée.»

Le nouveau visa pour démarrage d'entreprise offrira la résidence permanente aux entrepreneurs pouvant amasser suffisamment de capital-risque et démarrer une entreprise au Canada. Le programme Startup Visa n'est toutefois pas valide au Québec, en raison de ses propres lois sur l'immigration.

Il y a quelques jours, un panneau arborant une feuille d'érable rouge géante a été érigé à South San Francisco dans le cadre d'une campagne publicitaire encourageant les travailleurs du secteur de la technologie à passer au nord. Le message est simple: «H-1B problems?» C'est ce qu'on peut lire sur le panneau situé sur la route de Silicon Valley, en référence au visa temporaire émis aux travailleurs étrangers qualifiés aux États-Unis, leur proposant de venir au Canada.

Le projet de loi sur l'immigration actuellement étudié par le Sénat américain - résultat de plusieurs mois de négociations entre huit sénateurs influents - est sur le point de faire passer le nombre de travailleurs étrangers hautement qualifiés pouvant travailler aux États-Unis de 65 000 à 110 000, grâce au visa H-1B.

«Le Canada aimerait recréer Silicon Valley chez lui, a affirmé Irene Bloemraad, professeure à la tête du programme d'études canadiennes de l'Université de Californie à Berkeley. En vertu du système d'immigration actuel aux États-Unis, bien des gens ont de la difficulté à obtenir un statut juridique permanent.» Mme Bloemraad croit que le voyage de M. Kenney permettra de mettre en lumière les différences entre les systèmes d'immigration américain et canadien.

Aux États-Unis, les deux tiers des immigrants obtiennent leur résidence permanence grâce à des liens familiaux. Au Canada, en raison du système de classement par pointage, les deux tiers des immigrants sont choisis pour leurs compétences professionnelles.

Opération séduction

En vertu du présent système H-1B, des milliers de travailleurs étrangers des technologies basés à Silicon Valley ont la possibilité de rester aux États-Unis pendant six ans, dans la mesure où ils ne quittent pas l'employeur qui les a commandités. Ce week-end, dans le cadre de la conférence sur l'entrepreneuriat TiEcon de Santa Clara, le ministre Kenney souhaite promouvoir le nouveau visa, rencontrer des chefs de file du secteur des technologies, discuter avec des étudiants de l'Université Stanford et assurer le bon fonctionnement du stand.

«Les possibilités existent, a affirmé le ministre conservateur. Elles se trouvent au nord du 49e parallèle.»