Q Qu'est-ce que le système de gestion des approvisionnements de lait?

R Le programme, mis en place en 1970, consiste à ajuster le niveau de production de lait à la demande des consommateurs pour éviter les surplus. Le contrôle des importations en est un outil. «Le Canada concède 5% de ses importations sans tarif douanier, ce qui nous permet de prévoir 95% de la consommation», illustre le porte-parole de la Fédération des producteurs de lait du Québec, François Dumontier.

Q Quels seraient les impacts de son abolition?

R Ici, difficile d'obtenir un consensus. M. Dumontier craint que l'abolition de la gestion de l'offre place les producteurs canadiens dans une situation désavantageuse: «Les producteurs européens et américains reçoivent une subvention de l'État, mais pas nous.» Mais le chercheur associé de l'Institut économique de Montréal Mario Dumais n'est pas du même avis. «Les Canadiens subventionnent déjà les producteurs de lait en payant beaucoup plus cher qu'ailleurs», affirme-t-il. Mais continueront-ils d'acheter «local» une fois le marché ouvert à la compétition internationale? «Évidemment que non, mais la possibilité de vendre nos produits sur la scène internationale nous permettra d'abaisser nos prix et de demeurer compétitifs, comme c'était le cas avant 1970.»

Q La gestion de l'offre nuit-elle à la compétitivité des producteurs laitiers canadiens?

R Selon M. Dumais, le Québec se referme sur un marché en décroissance, et il n'a rien à y gagner, d'autant plus qu'il y perd un important levier de négociation. «Si nous demandons de meilleures conditions pour l'exportation du porc ou du boeuf à d'autres pays, on nous répond que nous devons modifier nos tarifs abracadabrants», affirme-t-il, notant au passage que les fromages sont actuellement assujettis à des tarifs de 298,5%. M. Dumontier n'en démord pas: les producteurs laitiers ne peuvent fonctionner adéquatement sans prévoir la demande. «Une vache, ce n'est pas comme une machine qu'on peut éteindre quand le marché va mal et repartir quand il va bien. Il faut prévoir.»