Gary Bettman et Donald Fehr ne peuvent évidemment pas être tenus responsables de la stagnation de l'économie canadienne depuis août, mais le lock-out de la Ligue nationale de hockey (LNH) aura tout de même privé l'économie d'au moins 600 millions de dollars, selon l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter.

Depuis le début du lock-out, les dépenses en billets d'événements artistiques et sportifs au pays sont passées de 6,9 milliards en août à 6,3 milliards en octobre. L'économiste Douglas Porter ne voit qu'une explication à cette baisse dramatique de 600 millions (-8,7%): le lock-out de la LNH.

«Les autres industries n'ont pas été capables de compenser pour l'argent qui n'a pas été dépensé au hockey», dit Douglas Porter, économiste en chef de BMO Marché des capitaux.

Un impact néanmoins limité

L'économie canadienne fait du surplace (0%) d'août à octobre après avoir gagné 0,4% au cours des trois mois précédents.

L'impact du lock-out sur l'économie canadienne est très limité: le poids de l'industrie des événements artistiques et sportifs au sein de l'économie ne représentait que 0,42% du PIB en août avant le lock-out. Il a diminué de 0,04% pour atteindre 0,38% du PIB en octobre.

L'économiste Douglas Porter pense que le lock-out de la LNH, qui doit normalement se terminer cette semaine avec la ratification de la nouvelle convention collective, privera à terme l'économie canadienne d'un peu plus de 700 millions.

Il faudra attendre quelques mois avant d'obtenir les données économiques jusqu'en janvier, mais Douglas Porter s'attend à ce que les pertes soient beaucoup moins importantes en novembre et décembre. «Plus le lock-out est long, plus les gens recommencent à dépenser ailleurs, dit-il.

S'il n'y avait plus jamais de LNH au Canada, il y aurait un effet important à court terme, mais nul à long terme parce que les gens dépenseraient leur argent ailleurs.»

Au cours des 10 dernières années, l'industrie des événements artistiques et sportifs a subi deux autres baisses drastiques, la première durant le lock-out de la LNH en 2004-2005 et la deuxième après la hausse causée par les Jeux olympiques de Vancouver en 2010. Durant le lock-out de 2004-2005, les dépenses du secteur avaient diminué de 1,2 milliard (-19,4%).

Différent aux États-Unis

Les conclusions de l'économiste canadien Douglas Porter vont à l'encontre de celles de deux économistes américains, qui ont conclu que l'impact d'un conflit de travail dans le sport professionnel était trop négligeable sur les taxes à la consommation pour établir un lien.

En 2006, les professeurs Victor Matheson (College of Holy Cross) et Robert Baade (Lake Forest College) ont analysé l'impact de 11 conflits de travail sur l'économie de la Floride.

Mais la Floride n'est pas le Canada, proteste Douglas Porter.

Soit, tous deux ont huit équipes de sport professionnel sur leur territoire, mais la Floride compte des équipes dans chaque ligue d'envergure (en plus du football universitaire) tandis que le Canada compte huit équipes de la LNH et une équipe de la NBA.

«Un lock-out dans la LNH aura plus d'impact au Canada que n'importe quel lock-out aux États-Unis parce qu'il n'y a pas de solution de rechange au Canada. Les gens peuvent aller au cinéma, mais un billet de cinéma coûte 13$ au lieu de 100$ pour un match du Canadien ou des Maple Leafs», dit Douglas Porter, qui reste toutefois prudent dans ses estimations de 700 millions pour le lock-out de la LNH.

«C'est impossible de connaître à 100% l'impact économique du lock-out car les données économiques ne nous montrent pas ce que les gens ont fait avec l'argent qu'ils auraient dépensé au hockey», dit-il.

Selon Forbes, les sept équipes canadiennes de la LNH génèrent des revenus de 953 millions US par saison complète, mais la LNH a aussi un impact économique sur d'autres entreprises que ses équipes.

Des partisans de retour au bercail

Variation des assistances (sur un an) après l'arrêt de travail


LNH en 2004-2005: +2,5%

NBA en 2011-2012 (saison écourtée): -0,3%

NBA en 1998-1999 (saison écourtée): -2,3%

Baseball en 1994: -20%

LNH en 1994-1995 (saison écourtée): +2,3%