C'est une tradition à Postes Canada: le temps des Fêtes est marqué par l'arrivée massive de lettres envoyées au père Noël, à l'adresse Pôle Nord, H0H0H0. On en estime le nombre à 1 million cette année, en hausse par rapport à 2011.



Le temps des Fêtes contribue également à augmenter de façon marquée les activités de Postes Canada. Un milliard de colis, cartes de Noël et lettres devraient être livrés d'ici à la fin de 2012. 

«La semaine dernière, celle qui a suivi le Cyber Monday, 3,5 millions de colis ont été traités et livrés dans tout le pays, dit Emmanuel Manioudakis, directeur des opérations de Postes Canada. C'est 1 million de plus que normalement.»

Autrement, le reste de l'année, Postes Canada s'inquiète de la baisse marquée du nombre de lettres traitées dans ses centres de tri partout au pays. Et ce, depuis 2006.

«Il y a eu 2 millions de moins de lettres traitées par jour en 2012 par rapport à 2011, affirme Anick Losier, directrice des communications de Postes Canada.

La poste-lettre, qui représente plus de 50% de nos revenus, a baissé de 20% de 2006 à 2011. Car la tablette électronique a changé la façon dont on échange et consulte nos documents, les magazines entre autres, un marché important pour nous.»

Commerce en ligne

Mais lentement, l'inquiétude se mue en espoir devant la popularité grandissante du commerce en ligne. Car un achat en ligne, chez Amazon comme chez Beyond the Rack (vêtements), Gap ou Indigo, équivaut à l'envoi d'un colis. Et Postes Canada en traite de 15 000 à 20 000 de plus quotidiennement, comparativment à 2011.

«On a doublé le nombre de boîtes de Beyond the Rack traitées par jour à 7000, par exemple», note Anick Losier.

En octobre, Postes Canada a lancé une nouvelle gamme de services pour les cybercommerçants, dont l'un permet le repérage des expéditions en temps réel, notamment.

Dans quelques mois, l'agrandissement du centre de tri de Saint-Laurent (80 000 pi2 destinés exclusivement aux colis) sera terminé. «On met aussi à jour les machines pour le repérage des colis», dit Emmanuel Manioudakis.

Postes Canada joue maintenant officiellement dans la cour des FedEx et autres multinationales de la livraison. «Nous vivons un des plus grands changements de l'histoire de Postes Canada et ça va déterminer l'avenir, affirme Anick Losier. Même la culture d'entreprise change. On recherche désormais les occasions du cybercommerce. En 2011, le marché de l'expédition était estimé à 600 millions de dollars. On veut accroître notre part de marché. On a un avantage par rapport aux concurrents: on livre à 1,5 million de personnes par jour. Et 78% des Canadiens ont accès à un bureau de poste dans un rayon de 2,5 km.»

Un «sauveur»

Si l'augmentation du nombre de colis que traite Postes Canada ne compense pas encore la baisse de lettres et de documents publicitaires, on voit tout de même le cybercommerce comme un sauveur.

«Notre produit principal est en déclin, mais il y a de l'espoir quand on voit les ventes en ligne, dit Anick Losier. Les gens nous utilisent maintenant de façon différente et il faudra s'adapter. On sait que le colis n'a pas atteint un sommet. En 2011, le marché de l'achat en ligne au Canada était de 25 milliards. En 2016, on prévoit qu'il sera de 35 milliards.»

Père Noël, pôle Nord, H0H 0H0

Chaque année, du début novembre jusqu'à Noël, 1 million de lettres adressées au père Noël arrivent au Canada.

Et, depuis 1982, les lutins du père Noël établissent leurs quartiers généraux dans les locaux de Postes Canada pour répondre à tout ce courrier. 

«En 30 langues, car les lettres arrivent de différents pays, dit Johanne Hallé, bénévole et retraitée de Postes Canada. On a des lettres-type. Des employés aident à les envoyer durant leur pause café. Certains traitent 1000 lettres par saison.»

Signe des temps, le père Noël envoie aussi des courriels! «Cette année, ce sera environ 60 000», affirme Anick Losier, directrice des communications de Postes Canada.

Contrairement à la tendance d'érosion des envois de lettres, le nombre de listes de cadeaux envoyées au père Noël par des enfants est en hausse. «C'est une belle façon d'apprendre à écrire et à rédiger une lettre », soutient Johanne Hallé.