Les amateurs de sport au Canada auront-ils droit à des documentaires sportifs de la qualité de ceux de la série américaine ESPN 30 for 30? Ce pourrait être l'une des conséquences de la vente des Maple Leafs de Toronto à Bell et Rogers.

En achetant Maple Leaf Sports&Entertainment (MLSE), un conglomérat sportif comprenant les Maple Leafs (hockey), les Raptors (basketball) et le Toronto FC (soccer), Bell et Rogers mettent aussi la main sur trois chaînes de télé spécialisées, Leafs TV, NBA TV Canada et Gol TV. Et au Canada, quiconque achète une chaîne de télé doit en plus payer des «bénéfices tangibles», en quelque sorte le prix d'acquisition des licences.

Le CRTC demande habituellement 10% de la valeur des chaînes de télé. Dans ce cas-ci, Bell et Rogers offrent un créer un fonds indépendant de 3,8 millions de dollars sur sept ans pour produire des émissions canadiennes sur le sport, par exemple des documentaires.

Bell et Rogers, qui paieront les dépenses d'administration du fonds, n'ont toutefois pas précisé les critères de sélection des émissions dans leur proposition au CRTC, rendue publique hier. Bell et Rogers disent seulement vouloir privilégier les «émissions de haute qualité». Rien n'empêcherait Bell et Rogers d'acheter ensuite les émissions financées par leur fonds pour les diffuser à l'antenne de leurs chaînes sportives (TSN pour Bell et Sportsnet pour Rogers). Dans un tel cas, le CRTC ne considérerait pas ces émissions comme de la programmation canadienne aux fins de calcul de ses obligations de licence.

MLSE possède aussi des licences pour lancer deux autres chaînes, Mainstream et Live Music Channel, mais Bell et Rogers ne veulent pas payer de bénéfices tangibles pour l'acquisition de ces licences. Le CRTC recueillera les commentaires des entreprises et des téléspectateurs sur la transaction de MLSE jusqu'au 18 juin. En décembre dernier, Bell et Rogers ont conclu une entente pour acheter les parts de Teachers' (80,1%) dans MLSE au coût de 1,3 milliard. La transaction, déjà approuvée par le Bureau de la concurrence, doit obtenir l'aval du CRTC avant d'être conclue officiellement.