Les Canadiens se préparent à la hausse prochaine des taux d'intérêt. Les ménages ont fortement réduit leur utilisation du crédit ce printemps, au point où la croissance de l'endettement est tombée à son plus bas niveau depuis le début des années 90.

> Suivez Maxime Bergeron sur Twitter

Sur une base annuelle, le recours au crédit à la consommation a progressé de seulement 2,3% en mars, et il a même reculé par rapport à février. Qui plus est, c'est la première fois depuis 2002 que le crédit croît moins vite au Canada qu'aux États-Unis, souligne Benjamin Tal, économiste à la CIBC.

«Ce ralentissement du crédit à la consommation est en bonne partie dû à la performance plus faible du marché des cartes de crédit», a-t-il indiqué dans une étude publiée hier.

On commence aussi à observer des signes «préliminaires» d'un ralentissement du recours au crédit hypothécaire, note M. Tal. Les nouvelles hypothèques ont crû de 6,3% en mars sur une base annuelle, un taux bien en déca de celui de 7,3% affiché depuis deux ans.

«Cette tendance à la baisse est beaucoup plus évidente si on lisse le taux de croissance mensuel, qui, à 0,5%, est le plus bas depuis la fin de 2001», a ajouté l'économiste.

Hausse à l'automne

Selon M. Tal, cette soudaine discipline budgétaire des ménages canadiens - dont le niveau d'endettement atteint des sommets historiques - milite en faveur d'un relèvement plus rapide que prévu du taux directeur. La Banque du Canada pourrait décréter une première hausse aussi tôt que l'automne prochain, indique-t-il.

Francis Fong, économiste à la TD, envisage lui aussi un relèvement des taux au dernier trimestre de 2012 plutôt qu'à l'hiver 2013. Il s'attend toutefois à une augmentation très graduelle. «Nous estimons qu'elle sera limitée à un point de pourcentage d'ici deux ans», a-t-il indiqué dans un rapport.

Les hausses de taux prévues, si modérées soient-elles, affecteront de nombreux Canadiens, note l'économiste. Quelque 21% des ménages sondés récemment indiquent qu'ils pourraient rencontrer des difficultés financières à la suite d'une hausse de 2% de leur taux d'intérêt. Cela représente 1,2 million d'hypothèques au pays.

Une hausse étalée

Un ensemble de facteurs viendra toutefois réduire les risques d'un effondrement du marché, selon M. Fong. Tout d'abord, la hausse de taux sera étalée sur plusieurs trimestres, et les Canadiens auront encore le temps de renouveler leurs hypothèques à des taux réduits. La réduction draconienne du recours au crédit à la consommation contribuera en outre à assainir les finances des Canadiens, ajoute-t-il.

Cette nouvelle donne laisse entrevoir des années plus difficiles pour les commerçants. «En regardant l'avenir, il est difficile d'être bien excité quant aux perspectives à court terme des consommateurs», a souligné Benjamin Tal, de la CIBC.