Le gouvernement Harper s'est fait l'ardent promoteur d'un éventuel accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne (UE) hier en mobilisant 15 ministres aux quatre coins du pays pour vanter les mérites de cette entente qui devrait être paraphée d'ici la fin de l'année après trois ans de pourparlers.

Le ministre du Commerce international, Ed Fast, a donné le coup d'envoi de cette offensive en faveur de la libéralisation des échanges dans un discours à Ottawa hier matin en compagnie du ministre des Affaires étrangères, John Baird.

Les ministres influents de chacune des provinces lui ont emboité le pas toute la journée en rencontrant des travailleurs, des gens d'affaires et des élus afin d'expliquer les avantages économiques que tirera le Canada d'un tel accord avec l'UE.

Un accord commercial avec l'Europe est de loin la plus ambitieuse initiative commerciale de notre histoire», a soutenu hier le ministre Fast, en soulignant que la portée de l'entente irait plus loin que l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) conclu entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.

Que vous travailliez dans le secteur de la pêche, de l'agriculture, de la fabrication automobile ou de la technologie de pointe, vous, votre famille et votre communauté pourrez retirer des avantages réels et importants de cet accord», a-t-il ajouté.

Le ministre a indiqué que le gouvernement Harper jugeait essentiel de lancer cette offensive afin de contrer les «faussetés» que véhiculent certains groupes opposés au libre-échange. «Nous devons contrer ces propos alarmistes en rétablissant les faits et en les confrontant avec la réalité», a-t-il dit, rappelant au passage que les mêmes «faussetés» avaient été avancées par les mêmes groupes lors des négociations de l'ALENA.

Selon les calculs d'Ottawa, un accord de libre-échange entre le Canada et l'UE entraînerait la création de 80 000 emplois. Une étude publiée en 2008 estimait qu'un tel accord permettrait d'augmenter le produit intérieur brut du Canada de 12 milliards de dollars.

Contrairement à l'ALENA, l'entente avec l'UE doit englober l'accès aux appels d'offres des provinces et des municipalités, la mobilité de la main-d'oeuvre, les services financiers, la reconnaissance des titres de compétence, entre autres. Les provinces sont d'ailleurs représentées à la table des négociations.

Les négociateurs des deux parties se sont entendus sur environ 75% des dispositions de l'accord. Mais des questions délicates comme le système canadien de gestion de l'offre et de la demande pour la volaille et les oeufs, et les règles de provenance des produits, ne sont toujours pas réglées.

Les deux parties souhaitent conclure une entente d'ici la fin de l'année. Mais l'accord doit être ratifié par les 27 membres de l'UE et le tout pourrait être compliqué par trois pays - la République tchèque, la Hongrie et la Bulgarie - irrités par la décision du gouvernement Harper d'imposer des visas à leurs ressortissants.

Avec La Presse Canadienne