La situation de l'Europe continue d'inquiéter, mais un certain vent d'optimisme vient de se lever au sujet des États-Unis, a déclaré lundi le ministre des Finances, Jim Flaherty.

Une opinion que partagent les économistes des grandes banques canadiennes, qui croient que les risques globaux sont désormais moindres pour le Canada.

Ceux-ci ont rencontré le ministre des Finances lundi matin, qui les a consultés, comme c'est son habitude, afin de préparer le prochain budget qui sera déposé le 29 mars.

Lors d'un point de presse peu après cette rencontre, M. Flaherty a déclaré qu'aucune mesure drastique ne se retrouvera dans le budget 2012, puisque le Canada est dans une posture fiscale relativement bonne.

«Nous n'avons pas besoin d'être draconiens. Nous ne sommes pas le gouvernement du Royaume-Uni, nous ne sommes pas - Dieu merci - le gouvernement du Portugal ou de la Grèce», a-t-il déclaré au sujet de ces pays d'Europe où d'énormes compressions budgétaires sont déjà en cours, ou à venir.

«Nous ne nous attendons pas à de grandes compressions de la part du gouvernement fédéral», a indiqué l'économiste en chef de la CIBC, Avery Shenfeld, qui n'entrevoit pas de mesures «drastiques».

M. Flaherty a ajouté que les économistes ont noté que l'économie canadienne a été résiliente et qu'une croissance modeste est à prévoir pour l'avenir.

Il a résumé le consensus général qui s'est dégagé de leur rencontre.

«Ils ont une inquiétude persistante au sujet de l'Europe - que je partage - et un peu d'optimisme vis-à-vis des États-Unis - que je partage aussi. Il y a des signes modestement encourageants dans l'économie américaine, malgré le boulet qui est son marché immobilier», a expliqué le ministre.

Les économistes ont précisé que même si les risques économiques globaux sont toujours présents, ils ne sont pas aussi inquiétants qu'à l'automne dernier, lorsqu'ils rencontraient M. Flaherty. Le ministre des Finances avait alors mis plus d'argent de côté, dans un fonds de prévoyance, pour faire face à toute éventualité.

«Il est juste de dire que certains des risques qui nous inquiétaient l'an dernier ne semblent pas aussi graves, alors nous amorçons l'année en cours», a précisé M. Shenfeld. Il estime que de nombreux points d'interrogation planent encore sur l'Europe, mais que la situation aux États-Unis se fait plus rassurante alors que le pays renoue avec une certaine croissance stable des emplois.

Les économistes des banques ont aussi indiqué que la plupart d'entre eux revoyaient leurs prédictions économiques à la hausse pour 2012.

«La croissance économique est meilleure que ce que l'on pensait il y a un an», a précisé Stéfane Marion de la Banque Nationale.

«Ce qui permet au gouvernement de poursuivre, mais de moduler, ses compressions budgétaires», a-t-il ajouté, précisant que celles-ci devraient être réparties sur plusieurs années, une mesure moins drastique.

Et il apparaît que le déficit sera moindre que prévu cette année, a ajouté M. Flaherty.

«On a une marge de manoeuvre, et il y a de nombreux pays dans le monde qui n'en ont pas», a-t-il insisté.

Malgré cette latitude qui semble se profiler pour le gouvernement, M. Flaherty n'a pas indiqué qu'il allait changer de cap quant aux compressions annoncées.

Il n'a d'ailleurs offert aucune précision sur ces compressions de 5 à 10%  qu'il a exigées de tous les ministères fédéraux. Questionné à ce sujet, il s'est contenté de dire que le budget ne fournira pas les détails de son plan, mais qu'il y aura suffisamment d'information pour comprendre ce qui va être fait. Les différents ministères et agences fourniront eux-mêmes les chiffres détaillés, a indiqué M. Flaherty.

Le grand argentier a manifesté à nouveau son inquiétude par rapport à l'endettement des ménages canadiens, soulignant que la prudence est de mise par rapport aux achats de propriétés.

«Les intérêts sont relativement bas, mais ils vont augmenter un jour, et je ne veux pas que les gens se retrouvent coincés», a-t-il prévenu.

Il s'inquiète d'ailleurs du marché des condominiums dans certains secteurs au pays, relevant au passage que les économistes avaient des divergences d'opinions au sujet de ce qui devait être fait dans ce domaine.