Les discussions qu'aura le premier ministre Stephen Harper avec des économistes et des leaders mondiaux, cette semaine au sommet de Davos, en Suisse, seront en partie destinées à un auditoire canadien.

M. Harper évoquera la nécessité pour l'Europe de maîtriser sa crise financière, et pour le Canada de diversifier ses échanges commerciaux internationaux. Mais plusieurs indiquent qu'il profitera aussi de l'occasion pour mettre la table en vue d'un budget austère qui s'en vient au printemps.

Le sommet réunit chaque année des leaders politiques et économiques de toute la planète. Le thème de cette année est «la grande transformation», une attention particulière devant être accordée à une remise en question du capitalisme conventionnel et à la recherche de nouvelles méthodes, socialement plus responsables, pour stimuler la prospérité économique.

M. Harper, qui a quitté Ottawa pour Davos mardi soir, doit prononcer un discours pendant lequel il incitera probablement l'Europe à agir rapidement pour résoudre la crise de la dette souveraine, et expliquera comment le Canada a résisté aux récents bouleversements économiques mondiaux. Il participera aussi à une session «questions-réponses» avec le fondateur du Forum économique mondial, l'économiste allemand Klaus Schwab.

Le premier ministre rencontrera aussi des gens d'affaires canadiens et étrangers de manière à «prendre le pouls de l'économie mondiale», a expliqué son porte-parole, Andrew MacDougall.

M. Harper profitera également de ces rencontres formelles et informelles pour présenter le Canada comme une source d'échanges commerciaux, de ressources naturelles et de stabilité économique, a ajouté M. MacDougall.

Mais son message ciblera aussi, en partie, un auditoire canadien, à qui il fera valoir l'importance pour le pays de voir à la stabilité de ses finances dans un contexte de fragilité mondiale.

Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, qui sera lui aussi à Davos, veut effacer le déficit budgétaire d'ici quatre ou cinq ans en sabrant des milliards de dollars dans les dépenses gouvernementales. Il a toutefois récemment laissé entendre que son budget printanier ne sera pas aussi draconien que certains le craignent.

L'économiste en chef de la firme américaine IHS, Nariman Behravesh, reconnaît que le Canada peut être fier d'avoir traversé la récente tourmente, mais prévient que le prix des maisons et la dette des ménages sont trop élevés, ce qui rend vulnérable l'économie du pays.

La délégation canadienne à Davos sera notamment composée du ministre des Affaires étrangères, John Baird, du ministre du Commerce international, Ed Fast, du gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, ainsi que de nombreux gens d'affaires. Le premier ministre du Québec, Jean Charest, participe aussi à ce sommet.

Certains leaders mondiaux, dont M. Carney, participent déjà à des rencontres au cours desquelles ils demandent aux pays du monde de faire tout en leur pouvoir pour stimuler la croissance, lutter contre le protectionnisme et réduire le chômage, surtout chez les jeunes.

Ils exhortent aussi les pays à investir dans les infrastructures et à adopter des politiques plus respectueuses de l'environnement, ainsi qu'à s'attaquer aux inégalités. M. Carney et ses collègues souhaitent qu'un plan d'action «intensifié» sois adopté lors du prochain sommet du G20, à Mexico en juin.