Malgré la force persistante du huard, les manufacturiers canadiens semblent parvenir à tirer leur épingle du jeu au-delà des attentes.

En novembre, la valeur de leurs ventes a bondi de 2%, à 49,6 milliards de dollars, a indiqué hier Statistique Canada. Il s'agit de la valeur la plus élevée depuis octobre 2008, alors que commençait la récession, et de la quatrième augmentation en cinq mois. L'agence fédérale a aussi réduit de deux dixièmes le repli d'octobre, ramené à 0,6%.

La hausse des ventes a été observée dans 14 des 21 industries sous la loupe et dans 8 provinces sur 10. Seul le Nouveau-Brunswick a connu une baisse tandis que les ventes ont stagné au Québec, ce qui est de mauvais augure pour les résultats à venir de la croissance au quatrième trimestre. L'industrie aérospatiale, tout comme celle de matériel informatique compte parmi celles dont les ventes ont diminué.

Le segment des machines a connu un bond formidable de 13,4% que l'agence fédérale attribue à la livraison de machines pour l'exploitation minière et l'extraction d'hydrocarbures, un phénomène qui ne devrait pas se répéter tous les mois. À 3,4 milliards, ces livraisons ont atteint un sommet.

En revanche, les nouvelles commandes enregistrées au cours du mois étaient en hausse de 3,6% par rapport à celles d'octobre, tandis que la valeur des commandes en carnet a aussi augmenté de 1,2%. «Même si les ventes pourraient redescendre à des niveaux plus normaux dans le secteur des machines, les commandes en carnet indiquent néanmoins un bon élan dans d'autres secteurs», fait remarquer Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale.

Fait peut-être plus encourageant encore, les volumes de livraisons ont aussi augmenté de 1,7%, ce qui signifie que les prix ne sont pas seuls en jeu dans l'amélioration de la situation. «L'augmentation de 3,2% des exportations de marchandises durant le mois laissait présager une activité relativement soutenue au sein du secteur manufacturier canadien», note Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

Les manufacturiers ont augmenté la valeur de leurs stocks pour le 14e mois d'affilée. La progression plus élevée de leurs ventes a cependant fait passer de 1,33 à 1,31 le ratio des ventes aux stocks. Comme un ratio de 1 correspond à un mois de production, cela signifie qu'il faudrait environ 40 jours pour écouler les stocks au niveau des ventes de novembre.

«Par rapport à il y a un an, la valeur des nouvelles commandes est en hausse de 20%, note Derek Holt, économiste chez Scotia. Comment, en toute objectivité, qualifier autrement cela que par la renaissance inattendue de la fabrication susceptible de mettre en doute les présomptions de la Banque du Canada sur sa perte de compétitivité?»

Ces très bons résultats, qui ont confondu l'ensemble des prévisionnistes, jumelés à la révision du repli d'octobre signifient que le secteur manufacturier aura contribué beaucoup plus que prévu à la croissance l'automne dernier.

Même en présumant d'une stabilité en décembre, le secteur est en progression jusqu'ici de 7% par rapport au troisième trimestre en rythme annuel.

Une croissance de l'économie de l'ordre de 2,0% environ en rythme annuel est de plus en plus plausible, à la lumière de ces chiffres, l'automne dernier.