Les Canadiens comptent réduire encore cette année leur contribution à un régime enregistré d'épargne-retraite (REÉR) en raison de l'instabilité économique et de l'incertitude face à l'emploi, soulignent les experts.

Selon un sondage du groupe Investors, plus de 58 pour cent des Canadiens considèrent qu'ils n'ont pas les fonds disponibles pour épargner une fois qu'ils ont acquitté les frais de subsistance de base.

Plusieurs personnes font face à un véritable défi au moment de trouver de l'argent pour investir, déclare Dave Ablett, directeur à la planification fiscale et à la retraite chez Investors une entreprise en placements située à Winnipeg. «Plusieurs ménages devront faire de substantiels sacrifices pour pouvoir contribuer à un REÉR. Ils se passeront de vacances, retarderont l'achat d'une voiture ou les rénovations de leur résidence ou de leur chalet.»

À une époque où les gens achètent impulsivement pour se faire plaisir ou se récompenser, l'épargne n'est pas très populaire. Mais But Ablett prédit que ceux qui ont fait des contributions dans le passé trouveront l'argent nécessaire pour investir cette année parce que les REÉR sont des outils importants pour planifier sa retraite.

La confiance des investisseurs a été sévèrement mise à l'épreuve en raison de la fragilité du marché, mais l'économie devrait s'améliorer éventuellement, ce qui donne une raison de plus de continuer d'épargner en vue de la retraite, rappelle Dave Ablett.

Même ceux qui craignent de perdre leur emploi devraient contribuer à un REÉR ou à un compte d'épargne libre d'impôt parce qu'ils pourront toucher cet argent s'ils perdent leur emploi, précise le conseiller en entrevue.

Après avoir atteint un sommet en 2000, la contribution médiane des REÉR se situe autour de 2680 $ depuis la récession de 2008, indiquent les données de Statistique Canada.

Selon les dernières statistiques disponibles, soit celles de 2009, près de six millions de Canadiens ont contribué à un REÉR pour un montant total de 33 milliards $. Parmi ces épargnants on retrouve 53 pour cent d'hommes et 47 pour cent de femmes.

L'industrie avait eu de grands espoirs, l'été dernier, en vue d'une saison de vente prometteuse, jusqu'à ce que les marchés repartent dans une folle courbe descendante.

Pour Tina Di Vito, directrice générale à la Planification de la retraite chez BMO, les contributions seront à peu près les mêmes cette année que l'an dernier et les quatre autres précédentes.

L'instabilité des marchés boursiers a pu faire peur à certains investisseurs, mais les REÉR peuvent être achetés sous forme de certificats de placement garanti ou d'obligations, fait remarquer Tina Di Vito.

Au moment où les Canadiens se préoccupent plutôt de leurs achats des Fêtes, leur plan de retraite est bien la dernière de leurs préoccupations.

Selon Mme Di Vito qui est aussi auteure du livre «52 Ways to Wreck Your Retirement And How to rescue It» (52 façons de couler votre retraite et comment la rescaper), le but est d'abord de vous verser un salaire à votre retraite et non d'épargner sporadiquement. «Une décision prise à la dernière minute ne fonctionnera pas à long terme. C'est préférable d'épargner de façon systématique, comme on le fait pour les dépenses courantes.»

Le faible rendement des placements et la menace de perdre son emploi découragent les travailleurs qui sont peu motivés à épargner, selon Keir Clark, directeur associé à la gestion du patrimoine chez ScotiaMcLeod.

Selon ce dernier, les gens ont tendance à abandonner et à ne plus épargner pour le futur. Mais il n'est pas trop tard pour commencer, affirme Keir Clark. Les gens peuvent utiliser l'argent de leur compte d'épargne libre d'impôt ou faire un emprunt à court terme pour toucher un remboursement d'impôt.

Chaque situation est toutefois unique. L'accent ne doit pas être mis seulement sur l'année fiscale 2011, mais sur ce qui peut être fait en 2012 pour éviter la course au financement des REÉR à la fin de l'année prochaine. La recette c'est de déposer un montant chaque mois pour éviter la confusion de dernière minute.

Emprunter chaque année pour contribuer à un REÉR n'est pas une bonne solution parce les intérêts ne sont pas déductibles d'impôt. Il vaut mieux contribuer régulièrement.

Évidemment si le choix est de payer son hypothèque ou d'économiser pour la retraite, la retraite devra attendre.

Les jeunes travailleurs ont d'autres priorités comme de fonder une famille, mais une stratégie intéressante serait de rembourser progressivement son hypothèque et utiliser l'argent épargné sur des mensualités réduites pour investir à long terme.