On a beau s'égosiller en alertes contre le surendettement des ménages, les détaillants n'ont pas encore à se plaindre d'une baisse de fréquentation de leurs magasins.

Bien au contraire. Pour le deuxième mois d'affilée en octobre, la valeur de leurs ventes a progressé de 1%, indiquait hier Statistique Canada. C'est deux fois plus que la prévision des experts. En outre, ce n'était pas qu'une affaire de prix puisque les volumes des ventes ont aussi avancé de 0,6%, tout comme en septembre.

Le résultat a de quoi surprendre quand on considère la faible création d'emplois depuis l'été et la forte perte en octobre.

Les concessionnaires de véhicules neufs ont eu la main heureuse avec leurs promotions puisque leurs ventes ont gagné 2%. Si on les exclut, les autres détaillants ont connu néanmoins une avancée moyenne de 0,7% de leur chiffre d'affaires.

Les magasins d'appareils électroniques ont pu profiter du lancement de l'iPhone 4S qui a suscité un engouement certain bien que non fiévreux.

«Les dépenses discrétionnaires (tout sauf l'épicerie, l'essence et les soins de santé) sont en voie de croître de 8,8% en termes nominaux au quatrième trimestre, ce qui serait leur plus forte progression en près de deux ans», calcule Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale qui y voit un signe de la vigueur de la consommation.

De son côté, Francis Fong, économiste à la Banque TD, y voit avant tout le résultat des promotions multiples de la part des marchands pour attirer la clientèle. «Si on tient compte de la perte de 70 000 emplois en octobre et novembre, de la faible croissance des salaires, du niveau élevé d'endettement des ménages, de la grande volatilité des marchés financiers et des incertitudes quant aux perspectives de l'économie mondiale, on peut s'attendre à un ralentissement des dépenses de consommation.»

Chose certaine, les affaires ont été bonnes en octobre pour la plupart des détaillants, à l'exception des marchands de meubles, de matériaux de construction et de fournitures diverses.

À l'échelle provinciale, huit provinces sur dix enregistrent des gains, celui du Québec s'élevant à 0,8%.

La publication des données sur les ventes des détaillants sont les dernières avant celles du PIB industriel, demain. Les prévisionnistes s'attendent à une faible progression de 0,1% qui ferait suite à celle de 0,2% de septembre, si elle n'est pas révisée.

Les livraisons manufacturières ont essuyé un fort recul, les mises en chantier sont restées stables tandis que les ventes des grossistes et des détaillants ont progressé. On n'a encore aucune idée de la production minière et d'hydrocarbures, ni de la variation dans la consommation des services.