Les ministres des Finances provinciaux et territoriaux reprochent au ministre fédéral Jim Flaherty de leur avoir imposé unilatéralement un nouveau plan de financement sur la santé.

L'annonce du plafonnement éventuel de la croissance des transferts en santé faite lundi par le ministre Flaherty a été accueillie comme une douche froide par la majorité de ses homologues provinciaux et territoriaux réunis à Victoria.

Le programme dévoilé par M. Flaherty consiste à plafonner d'ici 2018 les investissements en santé au niveau de la croissance du PIB, qui dépasse actuellement à peine les quatre pour cent. Le ministre a déclaré que d'ici là, les paiements de transfert en santé continueraient à atteindre le taux de croissance actuel, qui est de six pour cent.

La façon de faire du ministre fédéral a suscité l'ire du Québec, de l'Ontario et de quatre autres provinces, et la plupart ont dénoncé l'entente sans appel qui a été déposée sur la table.

Jim Flaherty avait prévu le coup et prédit qu'«évidemment», certains auraient de la difficulté à digérer les dispositions de ce nouveau plan financier. Le ministre a assuré que jamais les transferts fédéraux en santé ne seraient inférieurs à 3,0 pour cent. En 2018, ils seront ajustés au taux du PIB nominal, un indicateur résultant du calcul de la croissance économique incluant l'inflation.

La majorité des ministres ont été abasourdis par l'approche de Jim Flaherty, même si Ottawa avait déjà fait part de son intention de mettre de l'avant un plan de financement en tenant compte du PIB nominal.

«Nous nous attendions à discuter de la façon dont nous allions aborder les paiements de transfert fédéraux», a exposé le ministre québécois des Finances, Raymond Bachand.

Le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, a soutenu que la décision du fédéral était «sans précédent» et carrément «inacceptable».

Rappelant que les provinces et les territoires avaient toujours deux ans devant eux avant l'échéance des présents accords en matière de financement des systèmes de santé, M. Bachand a s'est dit déçu du fait que son homologue au fédéral avait inclus dans la législation un ensemble de principes «sans aucune discussion» avec les principaux intéressés.

Le ministre des Finances ontarien, Dwight Duncan, a formulé les mêmes reproches à l'endroit de Jim Flaherty.

«Il nous a mis le document sous le nez et nous a dit que c'est ainsi que les choses se passeraient», a-t-il laissé tomber.

Raymond Bachand et Dwight Duncan ont donné une conférence de presse en compagnie des ministres des Finances du Manitoba, de l'Île-du-Prince-Édouard et de Terre-Neuve-et-Labrador, qui ont tous abondé dans le même sens.

«Je ne me souviens pas avoir vu six premiers ministres des Finances qui représentent environ 70 à 80 pour cent de la population canadienne être aussi en colère et se mobiliser de cette façon», a fait valoir M. Duncan.

Le ministre Flaherty a précisé que ses homologues provinciaux et territoriaux avaient été sommairement informés des projets d'Ottawa lors d'un souper qui s'est tenu la veille. Il dit avoir prévenu les ministres des provinces et des territoires que les gouvernements ne pouvaient plus continuer à dépenser de l'argent qu'ils n'avaient pas.

Le ministre des Finances de la Colombie-Britannique, Kevin Falcon, s'est pour sa part montré plutôt satisfait du plan pour les cinq prochaines années. «Du point de vue de la Colombie-Britannique, c'est une bonne chose», a-t-il dit.

Du côté de la Nouvelle-Écosse, on exhorte Jim Flaherty de reprendre le processus de négociations de façon ouverte et inclusive.

«Ce que nous avons vu aujourd'hui, où le gouvernement arrive et dit que sa position est non négociable n'est tout simplement pas la bonne façon de bâtir une nation», a soutenu le ministre néo-écossais des Finances, Graham Steele.

Quant à l'opposition néo-démocrate, elle a encouragé Ottawa à travailler de concert avec les provinces pour offrir aux Canadiens des soins de santé.