George Cope et Nadir Mohamed ont conclu une trêve pour acheter les Maple Leafs de Toronto, ils restent néanmoins les deux plus importants rivaux du monde des télécoms au pays. Une rivalité visible vendredi matin lors de l'annonce de l'achat de Maple Leaf Sports & Entertainment (MLSE) par Bell et Rogers au Air Canada Center de Toronto.

«Nous voulons être le diffuseur sportif numéro un au pays... à Sportsnet!», a dit Nadir Mohamed, président et chef de la direction de Rogers Communications, devant le regard amusé de son homologue George Cope de Bell, qui est propriétaire de la chaîne sportive rivale TSN.

Malgré leur rivalité commerciale, autant Nadir Mohamed que George Cope sont convaincus que leur nouvelle association au sein du plus important conglomérat sportif au pays fonctionnera à l'avantage de tous, incluant les partisans des Maple Leafs désirant une première Coupe Stanley depuis 1967. «George, nous sommes ensemble là-dedans», a dit Nadir Mohamed, ajoutant que Rogers a fait plusieurs partenariats pour la diffusion d'événements sportifs avec des rivaux par le passé. «On l'a fait avec Bell pour les Jeux olympiques, on l'a fait avec CBC pour la Coupe du monde de soccer, dit-il. C'est la meilleure façon d'avoir du contenu pour le plus de gens possible.»

Si Bell et Rogers ont payé chacun 533 millions pour devenir copropriétaires de MLSE, c'est beaucoup pour mettre la main sur les droits de diffusion en Ontario des matchs des Maple Leafs, des Raptors et du Toronto FC. Bell et Rogers se sépareront les droits de la soixantaine de matchs des Maple Leafs diffusés la semaine durant la saison régulière.

L'émission Hockey Night in Canada à CBC, qui diffuse les matchs des Maple Leafs le samedi soir et durant les séries éliminatoires, survivra à court terme à la transaction. CBC détient les droits nationaux des 24 matchs du samedi soir des Maple Leafs par saison jusqu'à la fin de la saison 2013-2014. Bell et Rogers n'ont pas indiqué leurs intentions pour les matchs du samedi soir à partir de 2014-2015. CBC a l'intention de faire une nouvelle offre à la LNH pour garder les matchs du samedi soir à son antenne.

Sur la glace, les nouveaux propriétaires des Maple Leafs veulent gagner. Teachers' avait été critiqué par plusieurs partisans torontois en raison de la rentabilité de l'équipe (profits de 81,8 millions la saison dernière) combinée à ses performances décevantes sur la glace (pas de participation aux séries éliminatoires depuis cinq ans). «Quand l'équipe gagne, tout le monde gagne: les partisans, les commanditaires, les diffuseurs et oui, les propriétaires», dit George Cope de Bell.

Les nouveaux propriétaires de MLSE pensent que la transaction, qui doit être approuvée le Bureau de la concurrence du Canada et la Ligue nationale de hockey, sera aussi bénéfique pour leurs actionnaires. «Je suis convaincu à 100% que les actionnaires de Bell vont faire plus d'argent avec cette entente que si nous avions investi cet argent dans notre réseau», dit George Cope de Bell. «C'est le mariage parfait entre le contenu et la distribution», renchérit Nadir Mohamed de Rogers.

L'analyste boursier de Valeurs mobilières Desjardins, Maher Yaghi, n'est pas d'accord. Soit, Bell et Rogers mettent la main sur du contenu prisé à un coût moins élevé en raison de leur association, écrit-il dans une note des investisseurs. Mais il rappelle que les télécoms qui ont acquis du contenu de cette façon n'ont pas été capable historiquement de générer des profits additionnels. Et dans le cas des Maple Leafs, les droits de diffusion ne seront pas exclusifs car CBC pourrait continuer de diffuser les matchs. Sans compter que le CRTC force autant TSN (Bell) que Sportsnet (Rogers) à offrir son contenu sur les nouvelles plateformes mobiles et sur le web aux mêmes conditions à tous les distributeurs. En clair, cette transaction ne change pas ses recommandations d'achat: Maher Yaghi suggère d'acheter le titre de BCE et de conserver celui de Rogers.

Après l'annonce de la transaction tôt vendredi matin, le titre de Bell [[|ticker sym='T.BCE'|]] s'est apprécié de 0,34% pour clôturer la séance de vendredi à la Bourse de Toronto à 40,74$, tandis que le titre de Rogers [[|ticker sym='T.RCI.B'|]] s'est déprécié de 0,51% pour clôturer la séance de vendredi à 36,76$. En 2011, le titre de Bell s'est apprécié de 15,3%, celui de Rogers de 6,2%.