La Banque du Canada a lancé jeudi une mise en garde contre les risques de contagion en provenance d'Europe, tout en prévenant que l'économie et les systèmes financiers canadiens étaient déjà affectés et que les risques de détérioration de la situation étaient élevés.

Dans sa revue semi-annuelle du système financier publiée jeudi, la banque centrale a affirmé sans détour que les Canadiens devaient commencer à se préoccuper de la crise de la dette en Europe et de ses possibles répercussions au pays.

«Le Conseil de direction estime que les risques pesant sur la stabilité du système financier canadien sont élevés et qu'ils se sont considérablement accrus au cours des six derniers mois», a écrit l'institution.

«Depuis juin, la désaffection mondiale pour le risque dans le sillage de la crise en Europe s'est, de fait, traduite par un repli considérable du prix des actions et d'autres actifs risqués ainsi que par un creusement des écarts de crédit au Canada, mais de moindre amplitude que dans la plupart des autres pays», a-t-elle ajouté.

«Si la crise devait s'aggraver et s'étendre de plus en plus aux grandes économies européennes, elle pourrait se répercuter davantage sur le Canada, par les canaux du crédit et du financement (...) Une évolution défavorable en Europe accroîtrait le risque d'une dégradation notable des conditions de financement des institutions canadiennes», a aussi écrit la banque.

Aux yeux de l'institution, les mesures appliquées jusqu'ici afin de contrôler la crise européenne de la dette «n'ont pas été à la hauteur».

La Banque du Canada a publié sa revue du système financier alors que les dirigeants de l'Union européenne s'apprêtaient à se rencontrer, plus tard en journée, pour s'attaquer à la question de la dette souveraine.

Non seulement l'économie mondiale est-elle vulnérable, mais de nombreux Canadiens qui ont profité de faibles taux d'intérêt pour accumuler les dettes pourraient bientôt être incapables de les rembourser, est-il par ailleurs écrit dans le document.

La banque centrale s'inquiète tellement de l'endettement des ménages, qui atteint des niveaux sans précédent et continue à s'alourdir, qu'elle conseille à Ottawa de surveiller la situation de près.

Elle a rappelé qu'une année s'était écoulée depuis que le gouvernement fédéral a resserré les règles d'obtention d'un prêt hypothécaire. Le marché immobilier a depuis pris du mieux, a indiqué la banque, et les Canadiens continuent à emprunter à un rythme plus rapide que la croissance de leurs revenus.

La banque a aussi rappelé que la faiblesse des taux d'intérêt et la piètre performance des marchés faisaient pression sur les régimes de retraite, qui sont plus à risque d'être incapables de s'acquitter de leurs obligations financières.

Enfin, la Banque du Canada a indiqué que les marchés financiers avaient à l'oeil la dette souveraine du Japon et celle des États-Unis, en particulier à la suite du fiasco budgétaire du mois d'août à Washington, qui a mis en lumière le caractère dysfonctionnel de la situation politique états-unienne.

Il existe un «risque, faible mais non négligeable», que les investisseurs qui financent le service de la dette de ces deux pays réclament des taux d'intérêt plus élevés, a dit la banque.