Les représentants financiers du Canada ont mis un terme à deux jours de rencontres à Washington samedi, davantage confiants que les autorités européennes ont saisi l'urgence qui leur incombe de résoudre la crise de la dette souveraine.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a brièvement expliqué aux reporters qu'il était «plutôt encouragé» par la position des représentants européens au cours des entretiens à Washington.

«Certains progrès ont été réalisés, mais je répète qu'au final, ce qui importe, ce sont les actions. Des actions qui devront être entreprises d'ici peu», a-t-il soutenu.

Ces remarques faisaient par ailleurs écho à celles de la patronne du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, après que le comité du fonds pour l'élaboration de politiques - dont le Canada fait partie - eut lancé un autre appel à l'action sur la crise de la dette en Europe et les autres défis auxquels l'économie mondiale est confrontée.

Les plans sont là, mais il faut maintenant s'atteler à «implanter, implanter, implanter», a martelé Mme Lagarde.

M. Carney a par ailleurs affirmé qu'il ne faisait aucun doute que les déboires de la dette européenne s'étendaient au-delà de la Grèce, désignant ainsi les difficultés financières de l'Irlande, du Portugal, de l'Espagne et de l'Italie. Il a averti que si ces problèmes n'étaient pas résolus sous peu, la spirale qui s'ensuivrait et qui frapperait l'économie mondiale serait difficile à enrayer.

Le Canada en ressentirait aussi les contrecoups, selon M. Carney.

Le gouverneur a ajouté qu'il ne fallait pas perdre de vue le fait que les Européens ont les moyens de gérer les problèmes actuels.

«Ils ont les ressources», a-t-il plaidé, faisant référence à l'économie de 11 000 milliards de la zone euro.

Il avait déjà soutenu que les autorités européennes devraient injecter près de 1000 milliards d'euros dans le fonds d'urgence devant servir à éviter toute contagion de la crise aux banques européennes. Cette somme est deux fois plus élevée que l'engagement conclu - mais devant toujours être concrétisé - et qui prévoit un fonds de 440 milliards $. Les 17 pays de l'Union européenne avaient conclu cette entente le 21 juin.

Le ministre canadien des Finances, Jim Flaherty, et M. Carney ont par ailleurs rappelé au cours de ces rencontres à Washington que le Canada sera en mesure de gérer une nouvelle crise financière internationale si la situation se détériore.

MM. Carney et Flaherty ont réitéré leurs propos à Washington dans le cadre de ces rencontres sous l'égide du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

M. Carney a soutenu, dans une entrevue diffusée samedi à la radio de la CBC, que le Canada ressentirait les contrecoups d'une autre récession.

Mais il a affirmé que le pays y réagirait de la même façon qu'en 2008, vantant les entreprises solides, le système bancaire fonctionnel et la bonne position fiscale. Ottawa serait ainsi en mesure de mettre en oeuvre un nouveau plan de sauvetage de l'économie, selon M. Carney.

Il a ajouté que tous les outils utilisés pendant la récession de 2008 étaient toujours disponibles, et que des leçons avaient été tirées de cette récente crise financière.

Le gouverneur de la banque a aussi mentionné que le Canada n'était «pas une île» et qu'il était évident que le pays serait affecté si les choses vont de mal en pis, mais qu'il serait possible de gérer la situation.

Le FMI a par ailleurs émis un nouveau plan d'action d'urgence afin d'empêcher une telle situation de se concrétiser. Le communiqué émis samedi après-midi indique que les membres du FMI se sont entendus «pour agir de manière décisive face aux dangers qui menacent l'économie mondiale».