Le ministre des Finances Jim Flaherty montre des signes d'impatience envers les pays membres de l'Union européenne. À la veille d'une série de rencontres internationales à Washington, le ministre a soutenu hier que les pays européens ne s'attaquent pas avec sérieux à leur problème d'endettement.

Cette situation crée de l'incertitude chez les investisseurs, ce qui nuit à la reprise économique mondiale, estime le grand argentier du pays.

«L'incertitude est l'ennemi (de la croissance économique)»,  a laissé tomber le ministre Flaherty à Ottawa avant de s'envoler en direction de la capitale américaine, cachant mal sa frustration.

«Il faut plus de détermination de la part des dirigeants des pays de l'Europe pour appliquer leur plan de réduction de la dette. En particulier, la Grèce doit mettre son plan de réduction en oeuvre», a affirmé M. Flaherty.

Le ministre a participé hier soir à une réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des pays du G20 afin de discuter de l'état de santé de l'économie mondiale et des progrès réalisés jusqu'ici par les pays pour réduire leur endettement respectif.

Aujourd'hui, M. Flaherty  assistera aux réunions annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.

«La situation qui prévaut en Europe est sérieuse. C'est la question la plus urgente et elle occupera une grande place dans les discussions. Il est important que les Européens prennent des mesures énergiques pour résoudre leur problème de dette et atténuer l'agitation et l'incertitude sur les marchés parce qu'elles freinent la croissance économique. Il est aussi important que des pays comme la Grèce respectent leur engagement en matière de réforme», a dit le ministre.

Il a souligné que les ministres des Finances du G20 discutent du cas de la Grèce depuis janvier 2010 et que peu de progrès ont été enregistrés jusqu'ici. Si rien n'est fait pour corriger la situation, l'économie mondiale risque de connaître les mêmes tourmentes qu'en octobre 2008, a-t-il soumis.

Le ministre a soutenu que le Canada est un modèle à suivre en matière de lutte contre le déficit et de stabilité économique.

Les marchés financiers à travers le monde étaient en forte baisse hier en raison de l'incapacité des gouvernements à mettre en oeuvre une politique de relance et devant le pessimisme sur les perspectives de croissance exprimé par la Banque centrale des États-Unis.

M. Flaherty a fait cette sortie au moment où le premier ministre Stephen Harper et quatre de ses homologues du G20 ont écrit une lettre au président français Nicolas Sarkozy, hôte du prochain sommet du G20 qui aura lieu à Cannes en novembre dans laquelle ils s'inquiètent aussi des conséquences la crise de la dette sur l'économie mondiale.

«Les gouvernements et institutions de la zone euro doivent agir sans tarder pour résoudre la crise de l'euro, et l'ensemble des économies européennes doivent s'attaquer à l'accumulation de la dette afin d'éviter la propagation à l'échelle de l'économie mondiale. (...) La zone euro doit envisager toutes les options possibles pour assurer la stabilité à long terme de la deuxième devise internationale», peut-on lire dans cette lettre.

La lettre a aussi été signée par les dirigeants de l'Australie, de l'Indonésie, du Mexique, de la République de Corée et du Royaume-Uni.

«Les pays aux prises avec des problèmes d'endettement à long terme doivent adopter et mettre en oeuvre des plans de consolidation financière à moyen terme crédibles et axés sur la croissance, qui soient adaptés aux circonstances particulières de chaque pays», ajoutent les dirigeants.

«Les États-Unis, en tant que première économie mondiale, ont également un rôle important à jouer pour rétablir la confiance. L'entente bipartisane conclue en août pose les fondements d'un plan de réduction de la dette, et le plan de promotion de l'emploi du président Obama tombe à point pour impulser la croissance à court terme. Les États-Unis, de même que d'autres économies avancées très déficitaires, doivent surmonter les obstacles qui les séparent encore de la viabilité financière à moyen terme», affirment-ils encore dans leur lettre.