Le Joint Strike Fighter fera tache d'huile: il y aura de plus en plus de programmes qui ne garantissent pas de retombées industrielles aux pays clients.

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Et c'est une bonne chose, a soutenu Tom Burbage, vice-président et directeur du programme d'intégration du F-35, le Joint Strike Fighter, pour Lockheed Martin.

Lorsque le Canada a fait l'acquisition des avions de transport C-130J et C-17 et des hélicoptères Chinook, il a demandé aux manufacturiers de ces appareils, Lockheed Martin et Boeing, d'offrir des retombées industrielles équivalentes à la valeur des contrats. Plusieurs pays clients agissent de même.

Le programme d'acquisition du F-35 n'est pas soumis aux mêmes exigences. Les entreprises canadiennes qui veulent obtenir des contrats doivent présenter une offre concurrentielle. C'est le meilleur qui l'emporte. «Un programme qui n'est pas assorti de retombées industrielles régionales est bien supérieur, a affirmé M. Burbage au cours d'une entrevue accordée à La Presse Affaires hier, au chalet de Lockheed Martin au Salon aéronautique du Bourget. Nous verrons de plus en plus ce modèle dans l'avenir.»

Il a expliqué que les retombées industrielles régionales garanties ne commençaient à apparaître qu'après l'acquisition de matériel et qu'elles étaient limitées au montant du contrat.

Par comparaison, des entreprises canadiennes ont commencé à obtenir des contrats pour le F-35 dès 2001, alors que le gouvernement canadien ne devrait finaliser le contrat d'acquisition de 65 appareils qu'en 2013.

«Nous avons déjà accordé 600 millions de dollars de contrats à des firmes canadiennes alors que le Canada n'a encore acheté aucun avion», a fait valoir M. Burbage.

Il a ajouté que les produits de ces entreprises ne se retrouveront pas seulement sur les 65 appareils canadiens, mais sur les 3100 appareils qui devraient être fabriqués pour les États-Unis et leurs partenaires au cours des 30 prochaines années.

Le fait de ne pas garantir des retombées à gauche et à droite permet également de s'assurer que chaque pièce, chaque service sont acquis au meilleur prix, ce qui permet de mieux contrôler les coûts de l'appareil, a-t-il poursuivi.

M. Burbage a rappelé que les États-Unis allaient acquérir plus de 2400 appareils sur les 3100 appareils F-35 prévus.

«Ils ne voulaient pas payer des coûts supplémentaires pour permettre la participation des industries des autres pays», a-t-il déclaré.

Enjeu électoral

L'acquisition des 65 appareils F-35 a constitué un des enjeux de la dernière campagne électorale au Canada, surtout en raison du prix élevé, et encore nébuleux, de ces avions.

«C'est très difficile de parler des coûts parce que cela dépendra du moment où seront livrés ces appareils, a affirmé M. Burbage. Il y a deux ans, le Canada parlait de recevoir 16 avions en 2016. Aujourd'hui, on parle d'un seul appareil en 2016.»

Il a fait valoir que le coût des appareils diminuera au fur et à mesure que la production augmentera et que le manufacturier affinera son processus de production. Pour l'instant, on parle d'un coût d'acquisition d'environ 65 millions US.

Il a également fait savoir que les chiffres qui circulaient aux États-Unis et qui semblaient gonfler sans cesse portaient notamment sur les coûts de développement.

«Aux États-Unis, les coûts de développement devraient être de 50 milliards US, a-t-il souligné. Pour le Canada, ces coûts sont de 100 millions US environ. C'est très différent.»

Il a ajouté que les coûts d'entretien qui circulaient aux États-Unis semblaient également très élevés parce que le JSF se retrouvera sur 49 bases, en trois versions. Au Canada, on n'utilisera qu'une version, et le nombre de bases sera très inférieur.

«D'ici la fin de 2011, nous devrions être en mesure de faire savoir au Canada et aux autres partenaires les coûts d'acquisition et d'entretien de leurs appareils», a-t-il déclaré.

Il a soutenu que ces coûts seront très concurrentiels par rapport au F16, et moins élevés que ceux du F18.

Lockheed Martin n'est pas demeurée les bras croisés au cours des derniers mois pour défendre le projet de JSF au Canada. M. Burbage a notamment comparu devant un comité parlementaire à Ottawa pour discuter du programme et s'est montré disponible pendant le Salon du Bourget pour rencontrer les membres des médias et les politiciens. Lorsqu'il a rencontré La Presse Affaires hier, le vice-président sortait d'ailleurs d'une réunion avec le ministre québécois du Développement économique, Clément Gignac.