Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des Postes (STTP) a indiqué avoir offert de suspendre les grèves tournantes si Postes Canada décidait de reconnaître à nouveau la convention collective syndicale, mais la partie patronale a rejeté ce compromis à 18 heures, heure de l'est, vendredi.

«Ce comportement de la part de Postes Canada est totallement inacceptable », a déclaré Denis Lemelin, président du syndicat au niveau national et négociateur en chef.

«Nous montrons que nous sommes prêts à suspendre notre grève en preuve de bonne foi, comme l'a demandé la ministre. Encore une fois, Postes Canada rejete tous nos efforts pour résoudre les problèmes.»

Postes Canada a accusé le syndicat d'être déraisonnable dans ses demandes. «Accepter de revenir à l'ancienne convention collective afin d'en obtenir une nouvelle est complètement inacceptable, a indiqué la direction de Postes Canada. En maintenant l'incertitude pour nos clients, en nous nuisant au chapitre des revenus, la proposition syndicale revient à demander une paie complète tout en faisant grève.»

La ministre fédérale du Travail, Lisa Raitt, a demandé à Postes Canada et au STTP de faire des concessions afin de résoudre un conflit qui a déjà entraîné huit jours de grève tournante à travers plusieurs villes du Canada.

Le syndicat a fait savoir que les 155 employés des postes de Red Deer, en Alberta, cesseront le travail pendant 48 heures, à compter de 22h HNE, vendredi. Il a indiqué avoir choisi cette ville pour «attirer l'attention sur le manque d'effectifs et sur la détérioration du service qui en résulte».

Après avoir rencontré les deux parties, vendredi, Mme Raitt a pressé le STTP de mettre fin aux grèves, qui ont notamment touché les villes de Montréal, Hamilton et Edmonton, en plus de celle de Québec vendredi.

Elle a également lancé un appel à la direction de Postes Canada, leur demandant de «suspendre immédiatement les mesures de réductions des coûts», qui ont mené à une diminution du nombre d'heures de travail et des salaires moindres pour les travailleurs pendant la grève.

«Huit jours se sont écoulés depuis le début de cette grève entreprise par le STTP. Les répercussions se font ressentir par les Canadiens ainsi que par les entreprises», a plaidé Mme Raitt dans un communiqué au terme de la rencontre à Ottawa.

«La meilleure solution à tout conflit est celle adoptée de plein gré par les intéressés», a-t-elle ajouté.

La ministre Raitt ne précisait toutefois pas dans le document si Ottawa songeait à forcer un retour au travail si l'impasse persiste quant au renouvellement de la convention collective, qui touchera les 50 000 employés de la société de la Couronne.

Une ordonnance de retour au travail avait été émise par Ottawa en 1997, lors de la dernière grève à Postes Canada.

Vendredi, le mouvement de grèves tournantes a atteint 1500 employés dans les villes de Québec et de Kitchener, en Ontario. Il s'agissait du huitième jour des grèves tournantes, qui ont commencé à Winnipeg vendredi dernier.

Une porte-parole du STTP a de son côté fait savoir que le syndicat avait abordé, avec Mme Raitt, la question d'une coupe des prestations pour les soins de santé par Postes Canada pendant la grève, et des impacts sur les bénéficiaires de l'assurance invalidité de longue durée (AILD).

Postes Canada a soutenu que les discussions sont bloquées, indiquant qu'un écart important séparait toujours les parties sur plusieurs questions fondamentales, notamment les salaires et les conditions de travail.

Les deux parties ne semblent toutefois pas avoir la même perception de l'état des négociations. Le syndicat a simplement indiqué qu'elles avaient ralenties.

Le syndicat a par ailleurs souligné qu'un médiateur avait demandé aux deux parties de réviser leur position respective sur les points litigieux. Ni le STTP, ni Postes Canada n'a indiqué à quel moment ils prévoyaient revenir à la table des négociations.

La société de la Couronne a également affirmé que le syndicat résistait aux efforts de réduction des coûts et était peu enclin à relever le défi de la baisse des envois postaux.

La partie patronale et ses employés en grève s'étaient rencontrés jeudi à Ottawa pour tenter de trouver un terrain d'entente, alors que les grèves tournantes touchaient 13 villes de taille moyenne du Canada.

Selon Postes Canada, ces arrêts de travail ponctuels ont eu un effet dévastateur sur la confiance des clients et sur les revenus de la société, depuis le premier débrayage la semaine dernière.

Alors que la société de la Couronne a réduit ses activités à trois jours de distribution du courrier par semaine, certaines entreprises canadiennes ont déclaré avoir perdu de l'argent, ce qui les a obligé à faire des mises à pied.

L'Alliance de la fonction publique du Canada devait par ailleurs réunir environ 400 personnes dans les rues de Winnipeg, vendredi, pour démontrer leur appui aux travailleurs de Postes Canada.

La convention collective, qui touchait 50 000 employés, est échue depuis le 31 janvier.