Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) n'écarte pas la possibilité d'intensifier les moyens de pression à la suite du rejet, par la partie patronale, de la dernière proposition syndicale.

Le comité exécutif national, qui se réunit mardi soir, tente de déterminer quelles sont les prochaines stratégies à mettre de l'avant, a expliqué Yanick Scott, dirigeant régional à l'éducation et à l'organisation du Montréal métropolitain du STTP.

Les négociations entre Postes Canada et le STTP se poursuivent, assure M. Scott, même si la partie syndicale estime qu'il y a eu un «certain recul par rapport aux progrès qui avaient été effectués dans les derniers jours».

Entre-temps, le syndicat a annoncé que les grèves rotatives toucheront les villes de Calgary et d'Edmonton au cours de la journée de mercredi.

Ces deux villes ont été sélectionnées par le comité exécutif car elles «éprouvent des problèmes de service parce que la direction néglige d'assurer la livraison sur certains itinéraires à cause d'un manque de personnel».

Cette situation contraint les employés à travailler des heures supplémentaires obligatoires, a plaidé le directeur national de la région Pacifique du STTP, John Bail.

Postes Canada affirmait toujours, mardi après-midi, que les négociations avec le STTP n'étaient pas rompues, malgré le retrait des parties de la table des négociations.

Anick Losier, directrice des relations avec les médias à Postes Canada, a fait valoir que la dernière offre du STTP «ne tenait pas compte de l'environnement actuel de Postes Canada et allait coûter encore plus cher».

Pendant ce temps, la grève tournante se poursuivait pour une cinquième journée consécutive. Après Winnipeg, Hamilton et Montréal, c'était au tour des villes de Victoria, en Colombie-Britannique, et de Moncton, au Nouveau-Brunswick, d'être touchées.

Environ 1000 employés ont déclenché un arrêt de travail de 24 heures dans ces villes.

«Une grève tournante a un impact assez considérable sur l'entreprise, sur les employés et sur les consommateurs», a affirmé Mme Losier, précisant que le volume de courrier avait diminué de 50 pour cent depuis le début des grèves tournantes le 3 juin.

«On trouve malheureux qu'ils procèdent avec des grèves tournantes alors qu'ils devraient se concentrer sur la négociation», a-t-elle ajouté.

À la suite de son retrait de la table de négociations, le syndicat dénonçait ce qu'il qualifie de recul de la partie patronale aux chapitres du régime de retraite, des effectifs et du programme d'assurance-invalidité de courte durée.

La direction de Postes Canada rétorque qu'elle a abandonné l'idée d'imposer un régime de retraite à cotisations déterminées aux nouveaux employés, à qui elle offre désormais le même régime à prestations déterminées que celui dont bénéficient les employés actuels.

Elle fait valoir de plus que les augmentations salariales proposées porteraient le salaire horaire jusqu'à 26 $. Il s'agit d'une augmentation de 7,65 pour cent sur quatre ans. Cette offre se situe toutefois en deçà de l'indice du coût de la vie qui se situe autour de 2,5 pour cent par année, alors que le syndicat réclame des hausses supérieures à l'inflation.

La société des Postes estime que la dernière contre-proposition syndicale qu'elle a rejetée lundi était encore trop coûteuse et ne permettait pas de régler les problèmes auxquels la société fait face.

«Nous ne voulons pas aller en déficit, a martelé Mme Losier. Nous ne voulons pas devenir un fardeau pour les contribuables.»

Postes Canada affirme devoir absolument contrôler ses coûts pour faire face à la baisse du volume du courrier, à la hausse de la concurrence et à la popularité croissante du courrier électronique. Depuis cinq ans, par exemple, le volume de courrier a diminué en moyenne de 17 pour cent par adresse. Par ailleurs, le régime de retraite de l'entreprise accuse un déficit de solvabilité de 3,2 milliards $.

Bien que la société de la Couronne soit propriétaire à 91 pour cent du service de courrier Purolator et que celui-ci risque de bénéficier du conflit, Anick Losier a fait valoir que l'industrie joue du coude afin de pouvoir profiter du conflit.

«Plusieurs compagnies de courrier, des multinationales, communiquent avec nos clients depuis des mois pour justement aller chercher leurs affaires et assurer une garantie que nous, présentement, sommes incapables d'offrir», a-t-elle dit.

«Qu'ils choisissent Purolator ou d'autres compagnies de courrier, nous allons perdre, nos consommateurs vont perdre et nos employés vont perdre», a-t-elle ajouté.