Les travailleurs de Postes Canada à Winnipeg, en grève depuis jeudi soir, seront relayés par leurs collègues de Hamilton dès vendredi soir.

Avec cette grève tournante, le Syndicat des travailleurs et des travailleuses des postes (STTP) veut empêcher l'employeur de mettre en place des mesures qui, selon lui, minent la santé et mettent en péril la sécurité des employés.

Les syndiqués de Hamilton comptent débrayer pendant 48 heures à partir de 23h45 vendredi. Mais les négociations avec Postes Canada ne sont pas rompues pour autant.

«Tant et aussi longtemps que les deux parties négocient, il y a des chances que le conflit puisse se régler», a affirmé Anick Losier, porte-parole de Postes Canada, en entrevue à La Presse Canadienne vendredi.

En conférence de presse plus tôt dans la journée, le président du STTP, Denis Lemelin, a défendu le choix du syndicat.

«La meilleure façon de procéder, c'est d'exercer de la pression comme nous le faisons, en permettant aux négociations de se poursuivre», a-t-il déclaré.

Mme Losier a indiqué que l'employeur avait déposé sa plus récente offre vers 22h jeudi soir.

«Le syndicat y a répondu vendredi matin vers 11h, mais j'en ignore toujours le contenu», a-t-elle admis, quelques heures après le dépôt de la réponse du syndicat.

Denis Lemelin n'a pas voulu dire, vendredi, à quel moment cesseraient les grèves tournantes des employés.

«Nous maintenons la grève. Le but est encore le même: il faut arriver à s'entendre sur une bonne convention collective», a-t-il déclaré.

L'employeur soutient qu'il doit réduire ses coûts d'opération, évoquant une baisse d'activité de 17% par rapport à 2006 dans le domaine de la poste.

«C'est un contrat qui demande des concessions parce que nous faisons face à des défis importants, comme le déficit de la caisse de retraite et la popularité du courrier électronique», a expliqué Mme Losier. «Nous devons nous réajuster dans un monde où l'électronique est devenu quotidien.»

«Nous sommes bien positionnés pour l'avenir, a-t-elle poursuivi, mais il faut nous aider à maintenir les coûts de main-d'oeuvre qui vont permettre de maintenir une viabilité sans devenir un déficit pour les contribuables.»

De son côté, M. Lemelin soutient que la viabilité de Postes Canada ne doit pas se faire aux dépens de la santé des travailleurs. Il a rappelé vendredi qu'il considérait l'environnement de travail des employés des postes comme dangereux, avant de réitérer le refus du syndicat d'accepter des conditions de travail qu'il considère risquées et injustes.

Le président du STTP a affirmé que le nombre de journées de travail perdues en raison des blessures à Postes Canada était l'un des plus élevés de l'industrie, à plus de quatre par année.

Les travailleurs qui s'occupent de trier le courrier doivent rester debout, devant une machine, pendant huit heures tous les jours. Les facteurs transportent quant à eux de lourds sacs de courrier sur une distance moyenne de 15 kilomètres.

Le mauvais temps et les routes glissantes ajoutent aux risques auxquels ils font face.

Impact sur les entreprises

La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) estime que les grèves tournantes auront moins d'impact sur les entreprises qu'une grève générale.

Mais une série de grèves tournantes pourrait devenir problématique, a affirmé le premier vice-président de la FCEI, Dan Kelly.

«La grève tournante causera à tout le moins des délais et apportera son lot de stress et d'anxiété aux petites entreprises», a-t-il souligné.

Bien que des systèmes de paiement automatique existent, M. Kelly a indiqué que plusieurs petites entreprises ne les utilisaient pas pour payer leurs fournisseurs.

La porte-parole de Postes Canada a tenu à rappeler que la grève tournante n'aurait que peu d'impact sur les autres villes.

Le STTP reproche à Postes Canada de proposer des salaires moins élevés aux nouveaux employés, de vouloir changer le régime de congés de maladie et d'imposer des conditions de travail qui augmenteraient le risque d'accidents pour les travailleurs des postes.

Depuis 22h59 jeudi, environ 1000 employés sont en grève à Winnipeg, selon Postes Canada. Le syndicat a choisi d'entamer sa grève tournante dans cette ville du Manitoba parce qu'elle aurait été la première à ressentir les contrecoups du programme de modernisation de Postes Canada.

Pendant le débrayage à Hamilton cette fin de semaine, le nombre d'employés en grève tombera à 800.

Encore une fois, la ministre du Travail, Lisa Raitt, a appelé les deux parties à trouver un terrain d'entente.

«Notre gouvernement est déçu que les parties aient jusqu'à présent été incapables de parvenir à une entente, si bien que le syndicat a cru nécessaire d'entamer des mesures de grève. Nous sommes préoccupés par les répercussions que cela entraînera sur les Canadiens et sur les entreprises canadiennes partout au pays», a déclaré la ministre dans un communiqué.

Mme Raitt a rencontré les deux parties à plusieurs reprises. Mercredi, elle avait refusé d'évoquer la possibilité d'une loi spéciale pour forcer un retour au travail.

Environ 48 000 travailleurs sont touchés par la grève, selon Postes Canada.

La dernière grève à Postes Canada remonte à 1997.