Les dirigeants de Power Corporation du Canada (T.POW) annoncé hier une hausse du bénéfice de la société au premier trimestre de 2011, et ils ont profité de l'assemblée annuelle des actionnaires pour plaider en faveur de la croissance à long terme des entreprises. Ils ont par ailleurs qualifié de «ridicules» les allégations selon lesquelles ils exercent une influence sur les gouvernements du Québec et du Canada.

Le profit net attribuable aux détenteurs d'actions participantes de Power Corporation s'est établi à 216 millions au trimestre qui s'est terminé le 31 mars, soit 47 cents par action. C'est une hausse de 31% par rapport au premier trimestre de 2010.

Les revenus ont chuté de 22% pour s'établir à 7,04 milliards au cours de l'exercice.

Le groupe n'a réalisé aucune acquisition d'envergure depuis 2007, lorsqu'il a mis la main sur le gestionnaire de fonds américain Putnam. C'est donc dire que l'accroissement des bénéfices découle de la croissance des entreprises dans lesquelles Power Corporation détient des intérêts, a indiqué Paul Desmarais jr, président du conseil et co-chef de la direction de Power Corporation.

«Nous avons une croissance générique dans le groupe qui est telle que, dans ma carrière, je n'ai jamais vu ça», a-t-il indiqué.

La société a cumulé d'importantes liquidités en période d'incertitude, ont souligné les dirigeants. Ils ne ferment pas la portes à d'éventuelles acquisitions dans des industries qui leur sont familières. Mais pour l'heure, ils privilégient une approche prudente.

«Pour le moment, nous sommes très heureux de continuer à croître à l'interne», a indiqué André Desmarais, président délégué du conseil et président et co-chef de la direction de Power Corporation.

Les dirigeants ont critiqué le «capitalisme trimestriel», qui pousse les investisseurs à chercher des gains à court terme.

«Il importe de reconnaître et de combattre la tyrannie de la vision à court terme, a affirmé Paul Desmarais jr. Cela signifie qu'il faut éviter d'exploiter une société en ne s'attardant qu'aux résultats des prochains trimestres, car cela peut nous priver d'une occasion de créer de la valeur à plus long terme.»

Pas d'influence

MM. Desmarais ont par ailleurs nié avec véhémence être intervenus auprès des gouvernement du Québec et du Canada pour faire avancer les intérêts de leur société, qualifiant ces allégations de «ridicules».

«Nous aimons, comme tout le monde, notre pays, notre ville, et nous contribuons comme citoyens, a affirmé Paul Desmarais jr. Je ne vois pas pourquoi, parce qu'on est président d'une compagnie, tout à coup, on aurait cette image de vouloir tout le temps se remplir les poches ou influencer. Franchement, je trouve ça presque mesquin.»

Peu après son entrée en fonction, l'ambassadeur des États-Unis au Canada, David Jacobson, a expédié un câble à Washington, dans lequel il qualifie d'«indéniable» l'influence de Power Corporation sur les politiques énergétiques d'Ottawa et de Québec. Le document, dévoilé par le site Wikileaks et repris par Le Devoir, soulignait que Jean Charest a soudainement cessé de critiquer la position du gouvernement Harper durant la conférence sur les changements climatiques de Copenhague, fin 2009. L'ambassadeur souligne «les intérêts financiers de Power Corp. dans les sables bitumineux».

«Personne de Power Corporation, personne de la famille Desmarais n'a parlé à M. Charest ni à aucun membre de son gouvernement, ni sur Total, ni sur GDF Suez, ni sur les sables bitumineux, ni les gaz de schiste, ni Copenhague.»

Power Corporation du Canada contrôle la Financière Power, de même que Gesca, l'éditeur qui publie notamment La Presse. La Financière Power contrôle l'assureur Great-West et la Financière IGM, en plus de détenir une participation dans la société européenne Pargesa. Cette dernière possède des intérêts dans de grandes entreprises industrielles, notamment Total.

L'action de Power Corporation a terminé la séance d'hier à 28,36$ à la Bourse de Toronto, une hausse de 0,21%.