Une faible majorité d'entreprises canadiennes s'attendent encore à une augmentation de leur chiffre d'affaires, au cours des 12 prochains mois, mais un nombre grandissant croit désormais qu'il évoluera à un rythme plus soutenable, à mesure qu'on avance dans la phase d'expansion du présent cycle économique.

En outre, les entreprises n'ont jamais été aussi nombreuses à penser que les coûts de leurs intrants seront plus élevés d'ici 12 mois qu'ils ne l'étaient au cours de la dernière année, révèlent les données de l'Enquête sur les perspectives des entreprises (EPE) menée par la Banque du Canada.

Réalisée tous les trimestres, l'EPE a été conduite cette fois du 14 février au 10 mars, jusqu'à la veille de la tragédie japonaise et des frappes de l'OTAN sur la Libye, mais après une croissance fulgurante du produit intérieur brut (PIB) en janvier.

Certains répondants associent le ralentissement de leurs ventes aux dépenses accrues que doivent consacrer les ménages à l'énergie et aux aliments. «Un certain nombre d'entreprises ont exprimé des inquiétudes à propos des effets à moyen et à long terme qu'auront sur leurs activités la vigueur du dollar canadien et la vive concurrence étrangère», lit-on dans l'analyse des résultats.

La vigueur des produits de base exerce aussi des pressions sur les coûts d'approvisionnement des entreprises. Pas moins de 53% des entreprises s'attendent à une accélération des coûts de leurs intrants. Il s'agit d'un sommet depuis que l'EPE a été lancée, en 1999. À l'exception des entreprises des Prairies, les répondants s'attendent à ne pas pouvoir refiler ces hausses de coûts à leurs clients, soit en raison d'une vive concurrence, soit qu'elles ont déjà eu recours à l'astuce au cours de la dernière année.

On ne sera pas surpris dès lors que près de 3 répondants sur 5 s'attendent à ce que le taux d'inflation oscille entre 2% et 3% au cours des 2 prochaines années. Plus de 15% estiment même qu'il dépassera 3%, un sommet depuis la récession, qui ne peut qu'inciter les autorités monétaires à normaliser leur taux directeur.

Investissements

Entre-temps, les entreprises ont encore l'intention de profiter de la vigueur de notre monnaie pour investir en machinerie et en matériel. «La plupart des firmes qui projettent de relever leurs dépenses cherchent soit à augmenter leur production, soit à améliorer leur productivité afin de gagner en compétitivité, indiquent les autorités monétaires. Celles qui prévoient diminuer leurs dépenses attribuent en grande partie ce recul aux investissements massifs réalisés durant la dernière année.»

La volonté d'embauche est toujours présente avec un employeur sur deux désireux d'augmenter son effectif au cours de la prochaine année. À l'exception notable des Prairies, les entreprises qui jugent avoir des difficultés à remplir des commandes inattendues demeurent cependant minoritaires.

Enfin, la Banque a dévoilé aussi les résultats de son Enquête auprès des responsables du crédit. Il appert que les conditions de crédit se sont encore assouplies par rapport à l'enquête précédente, tant dans les modalités tarifaires que non tarifaires.

L'assouplissement se poursuit un septième trimestre de suite pour les grandes sociétés, un quatrième pour les sociétés commerciales et un deuxième pour la PME.

L'EPE confirme ce relâchement des conditions de crédit.

Ces deux enquêtes représentent l'avant-dernière matière à réflexion pour la Banque avant qu'elle fixe son taux directeur mardi prochain. Bien que les prévisionnistes estiment que Statistique Canada fera état vendredi de la création d'environ 20 000 emplois en mars d'un océan à l'autre, ils s'attendent à la reconduction du taux directeur, fixé à 1% depuis septembre.