Alors qu'il fera face à une possible défaite aux Communes vendredi, le gouvernement Harper acceptera certaines demandes du NPD, mais il est loin d'être certain que cela sera suffisant pour obtenir l'appui des troupes de Jack Layton et ainsi éviter des élections générales au printemps.

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, confirmera dans le budget qu'il présentera aujourd'hui qu'il exaucera deux demandes du NPD, la reconduction des programmes ÉcoÉnergie - un investissement de près de 400 millions de dollars - et une augmentation du supplément de revenu garanti pour les personnes âgées.

En vertu des programmes ÉcoÉnergie, Ottawa offre des subventions pour améliorer l'efficacité énergétique dans plusieurs secteurs, du résidentiel aux petites et moyennes entreprises en passant par les transports, et faire la promotion des énergies renouvelables, éoliennes et solaires. Ces programmes créés en 2007 devaient prendre fin le 31 mars.

M. Flaherty rejettera toutefois les autres demandes du NPD. Pas question d'éliminer la TPS sur les factures de chauffage, d'entreprendre une bonification des régimes de retraite sans l'accord des provinces ou encore d'embaucher de nouveaux médecins, un domaine qui relève des provinces.

Le ministre annoncera toutefois une mesure pour encourager les médecins et les infirmières à pratiquer dans les régions en annulant les prêts étudiants jusqu'à concurrence de 40 000$ pour les médecins et 20 000$ pour infirmières.

L'économie avant tout

«Nous allons déposer un bon budget. Ce sera un budget axé sur l'économie puisque cela demeure notre priorité absolue. Ce budget va facilement passer le test de l'opinion publique. Les partis de l'opposition auront une décision importante à prendre», a affirmé à La Presse une source conservatrice.

Minoritaires aux Communes, les conservateurs de Stephen Harper ont besoin de l'appui d'un des trois partis de l'opposition pour se maintenir au pouvoir. Le seul parti qui peut toujours venir à la rescousse du gouvernement Harper est le NPD.

Jack Layton prudent

M. Layton a indiqué hier qu'il évaluera «soigneusement» le budget dans son ensemble, mais il a ajouté que c'est «de plus en plus difficile d'appuyer les initiatives d'un gouvernement» qui a été reconnu coupable d'outrage au Parlement par un comité parlementaire pour son refus de fournir les coûts de ses réformes en matière de justice criminelle.

Le Parti libéral, qui réclame notamment l'annulation des baisses d'impôts aux entreprises qui sont entrées en vigueur le 1er janvier, votera contre le budget, le ministre Flaherty ayant écarté cette mesure.

Le Bloc québécois exige pour sa part qu'Ottawa verse les 2,2 milliards de dollars que réclame Québec pour avoir harmonisé la TPS et la TVQ. Des sources ont indiqué à La Presse au cours des derniers jours que cette somme ne sera pas dans le budget.

Hier, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a été catégorique: pas de compensation, pas d'appui au budget. «Il faut que ce soit dans le budget. Cela fait 19 ans qu'on attend», a-t-il dit.

Le ministre Flaherty a aussi indiqué hier qu'il n'y a toujours pas d'entente entre les deux capitales. «Les négociations entre le Québec et le gouvernement fédéral sont en cours. Nous faisons des progrès, mais les deux parties reconnaissent qu'il reste du travail à faire. Nous allons continuer les négociations», a-t-il dit aux Communes.

Éliminer le déficit

Dans son budget - le sixième de Jim Flaherty - le ministre des Finances réitérera l'intention du gouvernement conservateur d'éliminer le déficit d'ici à 2015 au plus tard. Il promettra de nouveau d'éliminer ce déficit - environ 40 milliards de dollars en 2010-2011 - sans sabrer les transferts aux provinces et sans augmenter les impôts. M. Flaherty se félicitera aussi de la bonne tenue de l'économie canadienne depuis la fin de la récession comparativement aux autres pays du G7.

En point de presse, hier, M. Flaherty a indiqué qu'il proposera dans son budget «certaines mesures créatrices d'emplois». Mais il a rappelé que l'objectif du gouvernement est de venir à bout du déficit.

«Nous allons maintenir notre plan de réduire le taux d'imposition (des entreprises). Notre priorité absolue est la prudence fiscale. Nous voulons maintenir le cap et retourner à des budgets équilibrés. C'est notre priorité absolue», a dit le grand argentier du pays.