Même s'ils ont été plutôt épargnés par la récession, les Canadiens se méfient du milieu des affaires, révèle un nouveau sondage de la firme de relations publiques Edelman.

Selon le président de la firme, les données recèlent de précieuses leçons pour les entreprises, en particulier celles qui se lancent dans des projets controversés comme le gaz de schiste ou les sables bitumineux. Car les profits et la qualité des produits ne suffisent plus à une entreprise pour inspirer confiance.

Edelman dévoile aujourd'hui les résultats canadiens de son 11e baromètre de confiance, un sondage mené dans 23 pays pour mesurer le degré d'optimisme envers les institutions publiques et privées. L'enquête révèle que les Américains, empêtrés dans une reprise qui tarde à porter ses fruits, sont plus suspicieux que jamais à l'égard du gouvernement et des entreprises. En contraste, l'optimisme est à son comble dans les pays émergents comme le Brésil, l'Inde et la Chine. Les Canadiens se situent à mi-chemin, note Richard Edelman: heureux d'avoir évité le pire, craintifs au sujet de l'économie.

«Ce que l'on voit, c'est un pays où le niveau de confiance envers les institutions n'est pas désastreux comme aux États-Unis, souligne-t-il.

Mais il y a certainement un malaise envers l'entreprise et le gouvernement.»

Au Canada, aucune entreprise n'a provoqué un désastre écologique comme la marée noire dans le golfe du Mexique, note-t-il. Et aucune banque n'a été poursuivie pour fraude, comme ce fut le cas de Goldman Sachs. Mais à l'évidence, les contrecoups de ces séismes ont été ressentis chez nous. Le Canada est d'ailleurs l'un des seuls pays où l'État inspire davantage confiance que le monde des affaires.

De 54% en 2010, le niveau de confiance des Canadiens à l'égard des entreprises a chuté à 50%, ce qui place le pays en milieu de peloton. Le Brésil (81%), l'Inde (70%) et l'Italie (64%) sont les pays où les entreprises ont la meilleure cote. En contraste, les Russes (41%), les Britanniques (44%) et les Américains (46%) sont les plus sceptiques.

Des leçons

Le sondage recèle de précieux enseignements pour les entreprises, estime Richard Edelman. Avant la récession, leur rentabilité, la qualité de leurs gestionnaires et de leurs produits leur assuraient une bonne réputation. Aujourd'hui, on s'attend à ce qu'elles soient transparentes et qu'elles traitent leurs employés avec respect.

Les attentes envers le milieu des affaires changent, dit M. Edelman. C'est pourquoi il n'est guère étonné de voir des citoyens de différentes régions du Québec s'opposer si farouchement à l'exploration du gaz de schiste.

«Si des entreprises veulent connaître du succès à exploiter le gaz de schiste au Québec, elles devront se plier à cette nouvelle réalité, estime-t-il. Elles devront annoncer clairement leurs intentions et leurs démarches, elles devront être transparentes sur les conséquences de leurs activités et elles devront probablement obtenir une forme de caution auprès d'une tierce partie, par exemple un expert.»

C'est la 11e fois que l'agence de relations publiques publie son baromètre de confiance. Pour le produire, Edelman a mené des entrevues avec 5075 personnes du 11 octobre au 13 janvier. Pour être admissibles, les candidats devaient répondre à une série de critères, notamment détenir un diplôme universitaire, suivre de près l'information et démontrer une connaissance des débats sur les politiques publiques.