Le premier ministre Stephen Harper a qualifié les plus récentes données sur l'emploi d'«encourageantes», tout en soulignant qu'il restait toujours du travail à faire sur le front économique.

Jolie fin d'une année faste en emplois

L'économie canadienne a terminé l'année en meilleure posture, avec un ajout net de 22 000 emplois en décembre. Les gains ont été encore plus intéressants pour les emplois à temps plein du secteur privé, et ceux pour les jeunes.

L'arrivée de ces nouveaux emplois dans l'économie n'a cependant pas suffit pour contrebalancer la croissance de la population active, ce qui explique pourquoi le taux de chômage canadien est resté inchangé à 7,6%.

De passage à Welland, en Ontario, pour une annonce sans lien avec les chiffres dévoilés plus tôt par Statistique Canada, le premier ministre Harper a noté que malgré les signes positifs, le taux de chômage restait trop élevé.

Les menaces soutenues à la reprise mondiale font en sorte que le gouvernement doit rester concentré sur l'économie, a poursuivi M. Harper.

Même si certains analystes s'attendaient à une situation inverse, le rythme de la création d'emplois au Canada a continué à surpasser celui des États-Unis, où seulement 103 000 emplois ont été créés en décembre.

La vigueur sous-jacente des chiffres canadiens - ils sont meilleurs que ce que peuvent laisser croire les manchettes - a été soulignée par les investisseurs, qui ont fait grimper le dollar canadien de 0,52 cent US à 100,83 cents US, vendredi.

«Nous allons prendre ces 22 000 emplois de décembre, après une année où le marché canadien a été en feu avec la création de 368 500 emplois. Cela serait l'équivalent d'environ quatre millions d'emplois aux États-Unis», a fait valoir l'économiste Derek Holt, de la Banque Scotia.

Même si la hausse du nombre d'emplois s'est avérée conforme aux attentes des économistes et est considérée comme modérée, la composition des gains a retenu l'attention des analystes. Si la tendance se maintient, affirment-ils, le rapport de vendredi est de bon augure pour l'économie.

Le détail le plus encourageant est probablement l'embauche de 53 000 travailleurs dans le secteur privé en décembre, dont 38 000 travailleurs à temps plein.

En outre, la création de 26 000 emplois destinés aux jeunes est pour le moins surprenante, compte tenu de l'important déclin de la population active dans le groupe des 15 à 24 ans en novembre.

Les industries productrices de biens - particulièrement le secteur de la fabrication, qui a enregistré son meilleur mois depuis la récession -, donnaient d'autres signes de vigueur économique.

Le secteur de la fabrication a engrangé 66 000 emplois en décembre, son meilleur résultat mensuel depuis 1976. La plupart de ces nouveaux emplois se trouvaient au Québec et en Ontario.

L'économiste Emanuella Enenajor, de la Banque CIBC, a réagi avec scepticisme aux chiffres publiés vendredi, comme quelques autres analystes. Selon elle, il ne serait pas surprenant que le rapport fasse l'objet d'une révision le mois prochain. Malgré tout, elle note que les données de décembre permettent d'envisager de bonnes choses pour le Canada en 2011.

«Pour la suite des choses, nous tablons sur une forte embauche dans le secteur privé, laquelle contrebalancera les gains plus faibles du secteur public», a-t-elle affirmé.

Le rapport de Statistique Canada comprenait cependant sa part de faiblesses. Le secteur de la construction a perdu 27 000 emplois, tandis que celui du commerce de gros et de détail en a cédé 22 000 et que celui des soins de santé et de l'assistance sociale en a laissé 24 000.

Parmi les provinces, le Québec, l'Ontario et Terre-Neuve-et-Labrador ont connu des hausses générales de l'emploi, tandis que la Colombie-Britannique a affiché une baisse. L'emploi a peu varié dans les autres provinces.

Au Québec, l'emploi a augmenté de 24 700 en décembre. Le taux de chômage y a reculé de 0,3 point de pourcentage pour passer à 7,6 pour cent.

En tenant compte de la hausse observée en décembre, l'emploi au Québec a progressé de 102 000, ou 2,6%, au cours des 12 derniers mois.

La ministre québécoise de l'Emploi, Julie Boulet, s'est réjoui des chiffres dévoilés vendredi, qui «démontrent encore une fois que le gouvernement fait les bons choix et qu'il initie des actions structurantes pour permettre au plus grand nombre de travailleurs d'occuper un emploi», a-t-elle estimé dans un communiqué.

Par ailleurs, la ministre a fait remarquer que le taux de chômage annuel moyen au Québec l'an dernier (7,9 %) était inférieur à celui du Canada (8,0%), une première depuis le début de l'enquête sur la population active en 1946.

En Ontario, l'emploi a progressé pour le deuxième mois consécutif, en hausse de 22 500 en décembre. Le taux de chômage y a diminué de 0,1 point pour s'établir à 8,1%.

Au Nouveau-Brunswick, le taux de chômage est passé de 10,3% en novembre à 9,4% en décembre.