La récession est loin derrière et la croissance se poursuivra cette année, disent les plus grands économistes du pays, mais les Canadiens sont moins optimistes quant à l'état de l'économie qu'ils ne l'étaient il y a un an.

Les économistes en chef des cinq plus grandes banques au Canada ont prédit une croissance modérée, jeudi, à l'occasion d'une rencontre commanditée par l'Economic Club of Canada.

Environ une heure avant que les experts n'entrent en scène, à Toronto, l'Economic Club of Canada a dévoilé les résultats d'un sondage indiquant que 65% des Canadiens croient que le Canada est encore en récession.

Les économistes ont pourtant annoncé officiellement la fin de la récession au milieu de l'année 2009.

«Les perceptions ne reflètent pas le fait que la situation s'améliore depuis maintenant un an et demi, a fait valoir jeudi l'économiste en chef de la Banque TD, Craig Alexander. Il n'y a pas de doute que la récession est terminée, alors comment réconcilier les résultats des sondages avec ce que disent les économistes?»

Les principaux économistes ont expliqué que les divergences entre les experts et le Canadien moyen est une question de perception.

Le Canada a enregistré six trimestres de croissance, et l'économie a réchappé tous les emplois perdus au cours de la récession, mais le coup de sonde mené par la firme Pollara Strategic Research laisse croire que les Canadiens sont moins optimistes relativement à l'état de l'économie qu'ils ne l'étaient il y a un an.

Le sondage indique que 38% des Canadiens ont l'impression que l'économie canadienne s'appréciera au cours des prochains mois, comparativement à 54% qui étaient de cet avis il y a un an.

Parallèlement, les économistes prédisent une croissance modérée allant de 2,2%, de l'avis de la Banque CIBC, à environ 3,2%, selon les projections de la Banque Royale. La plupart soutiennent que toute révision de ces prédictions se ferait à la hausse.

Les économistes s'entendent pour dire que la Banque du Canada augmentera ses taux d'intérêts d'un ou deux points de pourcentage d'ici la fin de l'année.

Sherry Cooper, de la Banque de Montréal, a souligné que les bonnes nouvelles sur l'économie sont souvent minimisées, tandis que les mauvaises sont mises en relief, particulièrement celles en provenance des États-Unis.

«Le Canada est dans une bonne posture, et nous ne l'entendons pas», a-t-elle soutenu.

L'économiste en chef de RBC Groupe financier, Craig Wright, qui a prédit le plus haut taux de croissance, a affirmé que l'économie canadienne connaîtra une croissance tempérée cette année, aidée par une demande modérée des consommateurs et un accroissement de la confiance des entreprises.

M. Wright a dit s'attendre à une croissance de plus de trois pour cent. Il a soutenu que les dépenses des consommateurs, particulièrement dans le secteur immobilier, devraient ralentir par rapport à la forte cadence constatée en 2010 alors que les taux d'intérêts étaient à des creux records.

Malgré tout, si une portion significative de Canadiens sont inquiets de l'état de l'économie, comme semble l'indiquer les sondages, cela pourrait affecter la confiance des consommateurs et avoir un impact sur la croissance.

Une personne interrogée sur cinq dans le cadre du coup de sonde mené en décembre estime que l'économie va se détériorer en 2011. En décembre 2009, 14% des participants entrevoyaient cette perspective.

Néanmoins, moins de 10% des personnes interrogées ont exprimé l'inquiétude de tomber dans une forte récession, comparativement à 17% il y a un an.

Le sondage en ligne a été mené par la firme Pollara Strategic Research auprès de 2560 personnes en décembre 2010.