Le chef libéral, Michael Ignatieff, a promis hier d'annuler le contrat d'achat de 65 avions militaires F-35 s'il est porté au pouvoir, à moins que le gouvernement n'accepte d'ici là de lancer un appel d'offres. Mais le premier ministre Stephen Harper a refusé de se plier à ses demandes.

Le rapport de la vérificatrice générale a continué à donner des munitions aux partis de l'opposition, particulièrement aux libéraux, hier. Michael Ignatieff y est allé d'une surenchère par rapport à sa position passée: l'été dernier, il a promis de réviser le contrat si son parti remportait les prochaines élections; hier, il a déclaré qu'il l'annulerait.

M. Ignatieff a justifié sa position en faisant allusion au rapport de la vérificatrice de mardi. Dans le dernier rapport d'automne de son mandat, Sheila Fraser a relevé plusieurs lacunes, dépassements de coûts et délais dans l'acquisition de deux types d'hélicoptères militaires: les Cyclone et les Chinook. Dans le cas de ce dernier appareil, le processus n'aurait pas été suffisamment transparent et concurrentiel, a en outre dénoncé Mme Fraser.

«Ils sont allés acheter une Chevrolet et ils sont revenus avec une Ferrari, a lancé Michael Ignatieff. Et nous n'avons toujours pas les clés de la Ferrari!»

Il a dit craindre que l'histoire ne se répète avec les F-35. Ottawa a annoncé le choix de l'appareil l'été dernier, pour une somme évaluée à environ 16 milliards de dollars.

Le premier ministre Harper a répliqué en disant qu'au moins une partie du blâme dans le dossier de l'achat des deux hélicoptères militaires était attribuable au gouvernement libéral précédent.

Au cours de la campagne électorale de 1993, en effet, Jean Chrétien avait promis d'annuler l'achat de 50hélicoptères EH-101, qui devaient remplacer les Sea Kings achetés par le Canada dans les années 60. Une fois au pouvoir, le gouvernement Chrétien était allé de l'avant avec sa promesse, ce qui avait coûté près d'un demi-milliard de dollars aux contribuables en frais d'annulation.

Or, les Cyclone devraient justement remplacer les Sea Kings lorsqu'ils seront finalement livrés, dans quelques années.

«Nous ne ferons pas les mêmes erreurs que dans le passé pour remplacer les (avions de chasse) CF-18. Nous allons acheter le meilleur équipement pour les Forces canadiennes», a déclaré le premier ministre Harper.

Michael Ignatieff a répliqué en indiquant qu'il n'en coûterait rien aux contribuables pour annuler le contrat des F-35. Il a ajouté que les reproches faits par la vérificatrice portaient sur la période où les conservateurs étaient au pouvoir.

Les partis de l'opposition critiquent depuis l'été dernier la manière dont le F-35 a été choisi. Car si la société Lockheed Martin a été sélectionnée par un appel d'offres en 2001 pour concevoir un avion interarmées de pointe, rien n'obligeait le gouvernement à choisir cet appareil une fois construit, déplorent libéraux et néo-démocrates.

Le chef du NPD, Jack Layton, a réclamé hier la tenue d'un débat parlementaire sur la question.

Quant au chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, il a dit se préoccuper davantage des retombées économiques pour les entreprises québécoises dans ce dossier.

«Maintenant que la décision est prise, il ne faudrait pas se retrouver avec des pénalités comme il y en a eu pour les hélicoptères», a dit M. Duceppe. Il a recommandé que, pour l'avenir, le gouvernement se dote d'une politique d'achat d'équipements militaires.