L'entretien des F-35 se fera au Canada, et il sera effectué par des Canadiens.

C'est ce qu'a assuré le vice-président à la direction et directeur du programme du F-35 chez Lockheed Martin, Tom Burbage, en marge du congrès de l'Association des industries aérospatiales du Canada, hier à Ottawa.

Les retombées du juteux contrat de 5 à 7 milliards de dollars risquent donc d'être intéressantes pour l'industrie canadienne, et notamment pour L-3 MAS, entreprise de Mirabel qui se spécialise justement dans l'entretien des avions de chasse.

«L'avion sera entretenu au Canada par des Canadiens, a déclaré M. Burbage aux journalistes. Lockheed Martin sera le contractant principal, mais nous allons faire affaire avec l'industrie canadienne chaque fois que ce sera possible, nous établirons des partenariats pour faire l'entretien de l'appareil lorsqu'il entrera en service.»

Cette déclaration a eu l'heur de plaire au président de L-3 MAS, Sylvain Bédard.

«Les planètes s'alignent», a-t-il lancé.

En juillet dernier, le gouvernement Harper a annoncé l'acquisition de 65 appareils F-35, le Joint Strike Fighter, au coût de 9 milliards de dollars.

L'entretien sur une période de 20 ans fera l'objet d'un contrat distinct, qui pourrait se situer entre 5 et 7 milliards.

M. Bédard a indiqué que le gouvernement canadien voulait définir un plan d'entretien qui sauvegarde la souveraineté canadienne.

En faisant faire l'entretien de ces appareils dans un pays étranger, le Canada risquerait de devoir se soumettre aux priorités du pays en question et de voir ses appareils repoussés sur la liste d'attente. Ottawa privilégie donc une solution canadienne.

Pour l'instant, L-3 MAS veut participer aux rencontres que le gouvernement canadien aura avec Lockheed Martin cet automne pour définir ce fameux plan.

«Nous sommes le centre d'excellence de l'entretien des chasseurs au Canada, a fait valoir M. Bédard. Quelle autre entreprise serait mieux qualifiée que nous pour aider le gouvernement dans cette définition?»

Le patron de L-3 MAS s'attend à ce que le gouvernement signe le contrat d'entretien avec Lockheed Martin en 2012 ou 2013.

L'acquisition des F-35 n'est pas soumise à la politique des retombées industrielles régionales, qui prévoit des retombées d'un dollar pour chaque dollar dépensé en gros équipements militaires.

M. Burbage a expliqué que les États-Unis achèteront la grande majorité des appareils F-35 qui seront produits, et notamment les premiers lots, qui seront les plus coûteux parce que le processus de production n'aura pas pris sa vitesse de croisière.

«Les États-Unis n'avaient pas envie de payer un surplus pour accommoder des retombées qui auraient résulté en un processus un peu moins efficace», a-t-il affirmé.

Par contre, les entreprises qui proviennent de pays qui participent au développement du F-35 depuis le début, comme le Canada (avec un investissement de 168 millions), peuvent essayer d'obtenir des contrats pour l'ensemble de la production de l'appareil.

C'est le cas d'Héroux-Devtek, qui fabrique notamment d'importantes pièces de structure.

Le président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé, a fait valoir que l'approche de Lockheed Martin dans ce dossier avait des avantages pour les entreprises.

«On peut se joindre au programme dès le début, a-t-il fait valoir. Et on a la chance de participer à un programme qui pourrait représenter la production de 3000 ou 4000 appareils.»

M. Burbage a indiqué que Lockheed Martin avait identifié 192 travaux qui pourraient faire l'objet de contrats, d'une valeur de 9,4 milliards US. Lockheed a déjà attribué pour 277 millions US de contrats à des entreprises canadiennes.