Le dollar canadien a atteint la parité avec le dollar américain en cours de journée, hier, avant de terminer la journée en baisse. La poussée a été provoquée davantage par la dépréciation du billet vert que par la force du huard, estiment les spécialistes, dont certains prévoient un recul d'ici la fin de l'année.





«Le dollar canadien ne ressort pas du lot comme étant une super devise, résume Frédéric Mayrand, premier vice-président responsable des ventes, marchés des changes, chez BNP Paribas Canada. Il est plutôt l'un des moins mauvais élèves.»



Le huard a poursuivi une ascension amorcée il y a quelques semaines, en début de journée hier. Sa valeur a même dépassé celle du billet vert avant de se replier à 99,40 cents US à la clôture du marché de Toronto, une baisse de 0,12 cent.

Cette dernière poussée est surtout liée à la dépréciation du dollar américain, estiment les analystes consultés hier. La réserve fédérale américaine a confirmé cette semaine qu'elle considère de nouvelles mesures pour relancer l'économie des États-Unis, ce qui a eu pour effet de faire baisser la valeur de la devise.

Au même moment, dit Hendrix Vachon, économiste au Mouvement Desjardins, le milieu financier connaît une certaine embellie qui s'accompagne d'une augmentation du prix des matières premières, dont le Canada est un important producteur.

«Dans ce contexte, les devises comme le dollar canadien ou le dollar australien sont très favorisées parce qu'elles suivent habituellement le cours des Bourses», indique M. Vachon.

Une force relative

Mais la force du dollar canadien est toute relative, souligne Frédéric Mayrand. Loin de gagner du galon sur le marché des changes, le huard se déprécie face aux autres devises.

«Le dollar canadien est fort face au dollar américain, mais c'est tout, affirme-t-il. Quand on regarde sa performance depuis trois mois, on s'aperçoit qu'il a perdu entre 2% et 10% face aux 15 devises principales.»

D'ailleurs, certains prévoient que le huard perdra des plumes au cours des prochains mois. Hendrix Vachon indique que plusieurs signes laissent entrevoir un ralentissement de la croissance économique, qui pourrait entraîner une baisse du cours des Bourses et donc du prix des matières premières. Il s'attend à ce que le dollar canadien perde 4 ou 5 cents pour se fixer autour de 95 cents par dollar US.

«Tous les facteurs qui sont positifs pour le dollar canadien sont là: le sentiment négatif par rapport au dollar américain est au maximum et la poussée des matières premières est peut-être au maximum parce que les marchés sont très confiants, souligne-t-il. On anticipe que cette confiance devrait diminuer.»

La relance ralentie?

L'économie canadienne a connu une forte poussée dans les six premiers mois de 2010, souligne Shaun Osborne, cambiste en chef chez TD Valeurs mobilières. Mais la croissance a fléchi depuis. Même s'il a légèrement fondu, le déficit commercial du Canada s'élevait malgré tout à 1,3 milliard en août. La poussée du dollar ne fera rien pour aider, estime-t-il.

«Il y a un ralentissement de l'économie canadienne, a-t-il indiqué. Et il sera affecté encore davantage par la vigueur du dollar.»