Le Canada a été le dernier pays industrialisé à entrer en récession en 2008 et le premier à en sortir en 2009. Mais l'impact de la crise mondiale continue de faire mal au Trésor fédéral. En tout, le gouvernement fédéral mettra sept ans à rétablir l'équilibre budgétaire et ajoutera près de 170 milliards de dollars à la dette accumulée d'ici 2015.

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, prévoit que le gouvernement fédéral enregistrera un tout premier surplus durant l'exercice financier 2015-2016 et qu'il sera minuscule : 2,6 milliards de dollars. La route vers l'équilibre sera longue et difficile.

Après le déficit record de 55,6 milliards en 2009-2010, le manque à gagner sera de 45,4 milliards en 2010-2011, de 29,8 milliards en 2011-2012, de 21,2 milliards en 2012-2013, de 11,5 milliards en 2013-2014, et de 1,7 milliard en 2014-2015, selon les dernières estimations du ministère des Finances.

Entre 2008 et 2015, la dette accumulée passera donc de 458 milliards de dollars à 626 milliards. Durant la même période, les frais d'intérêt qu'Ottawa doit payer pour financer ce boulet financier repartiront aussi à la hausse, passant de 31 milliards en 2008-2009 à 37,8 milliards en 2015-2016.

En dévoilant hier sa mise à jour économique et financière, le ministre Flaherty s'est félicité de voir que, en dépit de l'abondance d'encre rouge à Ottawa, le Canada se tire nettement mieux d'affaire que tout autre pays du G7.

La dette fédérale, mesurée selon la taille de l'économie, devrait diminuer à partir de 2012-2013 à mesure que l'économie croîtra et que l'équilibre budgétaire sera rétabli. En 2015-2016, le ratio de la dette au produit intérieur brut (PIB) devrait s'établir à 30,8 %.

« Le Canada est un chef de file mondial pour sa saine gestion des finances publiques. Notre dette se situe à des planchers historiques. Elle est faible en comparaison de la situation internationale et, surtout, elle devrait demeurer faible. La situation financière du Canada reste l'une des plus solides au monde », a affirmé le ministre

Le gouvernement fédéral a réussi à sortir de l'ornière des déficits en 1997 après des décennies d'encre rouge et a ensuite enregistré des surplus pendant 12 exercices financiers de suite. Ces surplus cumulatifs - 105 milliards de dollars - ont été utilisés pour rembourser la dette accumulée.

Les prévisions contenues dans la mise à jour qu'a livrée hier le ministre Flaherty devant des gens d'affaires à Mississauga ont été légèrement revues à la baisse par rapport à celles du budget de mars dernier. Mais ces changements ont peu de conséquences sur les revenus du gouvernement à long terme.

Le grand argentier du pays a tenu à souligner de nouveau que la reprise économique demeure fragile, non seulement au Canada, mais dans bien des pays industrialisés, notamment aux États-Unis, principal partenaire commercial du Canada. Selon lui, pour que la reprise soit durable, il faut que les entreprises du secteur privé prennent le relais des gouvernements et augmentent dépenses.

« La crise économique et financière mondiale qui a commencé en 2008 a été la pire que le monde ait connue depuis les années 30. Elle est venue de l'étranger et a frappé l'économie canadienne de plein fouet.

Heureusement, le Canada disposait de nombreux avantages qui ont atténué l'impact de la crise sur les Canadiennes et les Canadiens », a dit le ministre.

M. Flaherty a aussi dit que le Canada est le seul pays à avoir récupéré la totalité des emplois perdus durant la récession, soit quelque 400 000 emplois.

Mais le taux de chômage, présentement à 8 %, demeure trop élevé - il était de 6 % avant la récession. Le ministre prévoit que le taux de chômage diminuera légèrement au cours des prochaines années à 7,7 % en 2011, à 7,4 % en 2012 et à 7 % en 2013. Il devrait atteindre les 6,8 % en 2014 et s'établir à 6,6 % l'année suivante.

Le critique libéral en matière de finances, Scott Brison, a mis en doute les chiffres de M. Flaherty, soulignant que le ministre s'était trompé à plusieurs reprises dans ses prévisions de déficit. Il a aussi affirmé que le gouvernement Harper faisait fausse route en voulant offrir de nouvelles baisses d'impôts aux entreprises, évaluées à 6 milliards de dollars, à partir du 1er janvier et en voulant acheter des avions de chasse de 9 milliards, alors qu'Ottawa nage en plein déficit.